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France : perpétuité requise contre Monique Olivier pour complicité


"Il m'a utilisée", avait assuré l'accusée de 75 ans au premier jour de son procès pour définir sa relation avec Michel Fourniret. (Photo : AFP)

La réquisition criminelle à perpétuité a été requise lundi contre Monique Olivier, ex-épouse du violeur et tueur en série Michel Fourniret, jugée depuis le 28 novembre par une cour d’assises près de Paris, pour complicité dans trois enlèvements et meurtres de trois jeunes filles, dont une Britannique.

« Au vu de la gravité exceptionnelle des faits commis, de la nécessaire protection de la société », les deux avocats généraux ont en outre demandé que la peine soit assortie d’une période de sûreté de 22 ans.

Le verdict est attendu mardi dans ce procès entamé fin novembre, marqué par l’absence de Fourniret, décédé en mai 2021. Surnommé « L’ogre des Ardennes », il était inculpé depuis 2020 dans ces crimes vieux de 35, 33 et 20 ans.

Des décennies de « souffrance pour les familles », selon Me Corinne Herrmann, qui défend la famille de Marie-Angèle Domèce, une jeune fille de 18 ans disparue en juillet 1988 en Bourgogne, au sud-est de Paris.

En 2018, Michel Fourniret avait avoué son meurtre, ainsi que celui de Joanna Parrish, une Britannique de 20 ans dont le corps avait été retouvé dénudé dans la rivière de l’Yonne en 1990. Elle a été battue, droguée et violée.

Monique Olivier avait livré de premiers aveux à la justice belge en 2005 sur ces deux crimes. Le troisième cas concerne la disparition d’Estelle Mouzin, 9 ans, en janvier 2003, près de Paris.

À rebours de l’image de victime présentée par Monique Olivier tout au long de son procès, l’accusation a rappelé les choix faits par l’ex-épouse de Fourniret : mettre en confiance Marie-Angèle Domèce et Joanna Parrish en sachant qu’elles allaient droit à la mort, se taire pendant 16 ans au sujet d’Estelle Mouzin.

« Mme Olivier, vous n’êtes pas complice à ce moment-là, vous êtes auteur du choix de vous taire », a relevé l’avocate générale Stéphanie Pottier.

« Sans elle, (Michel Fourniret) ne commet pas ces crimes. Avec elle, il les réussit », a asséné l’autre avocat général, Hugues Julié. « Le complice, c’est l’allié, celui qui est uni étroitement à l’auteur, en l’espèce aujourd’hui devant vous, c’est l’épouse du tueur en série », a-t-il poursuivi.

« C’est la peine maximale qui a été demandée parce que les crimes commis le justifient, pour moi les réquisitions du parquet vont dans le sens de ce que demandaient les familles de victimes que je représente », a commenté Me Didier Seban, avocat des familles Parrish et Mouzin.

En 2008, une cour d’assises avait condamné Monique Olivier à la perpétuité pour complicité dans quatre enlèvements et meurtres de son mari. Puis elle avait écopé de 20 ans de réclusion, 10 ans plus tard, toujours pour complicité, dans un meurtre crapuleux cette fois.

« Il m’a utilisée », avait assuré l’accusée de 75 ans au premier jour de son procès pour définir sa relation avec Michel Fourniret.

« Sa gravité, sa lourdeur dira qu’on ne peut pas enlever, pas tuer des enfants comme ça », a plaidé Me Didier Seban. « Je veux que ces crimes vous hantent dans vos nuits en maison d’arrêt », a-t-il lancé à l’accusée.

Tensions

Pendant trois semaines, l’audience a été émaillée de moments de tension, notamment quand le président Didier Safar a malmené certains témoins ou refusé de faire réagir l’accusée à chaud.

Ainsi quand ont été projetées les quelques rares photos de Marie-Angèle Domèce, enfant de la Ddass disparue le 8 juillet 1988 et dont le corps n’a jamais été retrouvé: les jurés ne sauront pas ce que Monique Olivier a pu ressentir.

« Nous n’avons pas eu toutes les réponses, mais nous savions que ces réponses étaient dures à obtenir », a admis lundi devant la presse le père d’Estelle Mouzin.

Répétant inlassablement « je ne sais pas » ou « je ne me souviens plus » quand elle était interrogée sur les faits, Monique Olivier n’a apporté aucun nouvel élément tangible concernant les sévices infligés à l’enfant ou l’emplacement des corps d’Estelle Mouzin et de Marie-Angèle Domèce, jamais retrouvés.

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