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Ampacet : «Ce n’est pas la réaction voulue»


Après neuf jours de grève, les travailleurs d’Ampacet tiennent toujours bon. La première prise de position publique de leur direction ne change rien à leur détermination. (Photo : hervé montaigu)

L’OGBL ne se montre guère impressionné par la prise de position de la direction d’Ampacet, intervenue lundi soir. Cette dernière tient à «rectifier» de «nombreuses fausses affirmations».

Qui dit vrai ?  Comme lors de tout conflit, les deux parties qui s’opposent cherchent à imposer leur vision des choses. Confrontée depuis maintenant plus d’une semaine à une grève, avec une production qui est de facto à l’arrêt, la direction d’Ampacet a finalement décidé, tard lundi soir, de sortir d’un long silence, lourdement fustigé par l’OGBL et la soixantaine de grévistes.

Le principal message des dirigeants est de «rectifier les nombreuses fausses affirmations au sujet des discussions sur les conditions de travail actuellement applicables au sein de (son) usine de Dudelange». Le communiqué de presse est d’ailleurs envoyé par une étude d’avocats. Par contre, la direction ne formule aucune offre pour reprendre les négociations avec un camp syndical bien décidé à ne rien lâcher .

Les dirigeants se disent «de bonne foi»

«Ce n’est pas la réaction qu’on aurait voulue», tranche d’emblée Stefan Osorio, secrétaire central adjoint du syndicat Chimie de l’OGBL, contacté mardi après-midi. «Il n’y a rien de vraiment neuf dans ce communiqué. Ce que les grévistes attendaient, c’est une invitation pour revenir à la table des négociations», reprend-t-il. Lundi, les responsables syndicaux avaient dénoncé le fait que le modèle social soit «piétiné» par la direction, qui, après avoir dénoncé unilatéralement la convention collective, se ferme à tout dialogue.

Ampacet défend un autre point de vue, réfutant les reproches formulés par l’OGBL. Les dirigeants assurent avoir «entamé des négociations de bonne foi, dans le respect du Code du travail luxembourgeois, avec les organisations syndicales en vue de renouveler notre convention collective depuis le mois de mars». «Malgré les efforts et les négociations, qui ont également impliqué l’assistance de l’Office national de conciliation (ONC), un accord n’a pas pu être trouvé, ce qui a conduit Ampacet à demander la non-conciliation», retrace le communiqué. «Il est essentiel de souligner que l’offre finale présentée par Ampacet à l’ONC est nettement plus élevée que ce qui a été rapporté dans les médias par l’OGBL», ajoute cet écrit.

Le syndicat maintient toutefois que l’offre finale a consisté à revaloriser les salaires d’à peine 0,3 %, «soit 5 centimes d’euro par heure et 5 euros net par mois», avance Stefan Osorio. Le secrétaire central adjoint confirme cependant que la direction n’a pas réduit les salaires au minimum légal. «C’est dû aux procédures pour procéder à un tel changement substantiel du contrat de travail. Des préavis de deux, quatre ou six mois sont à respecter. Rien n’empêche, donc, la direction de le faire dans les mois à venir», explique-t-il.

La direction dénonce en outre des «actes de diffamation» et «d’intimidation», voire un «comportement illégal« de la part des grévistes. «Malheureusement, les presque 30 % de nos salariés qui ont choisi de ne pas faire grève font l’objet d’intimidations et d’agressions verbales lorsqu’ils se rendent au travail. En outre, nos fournisseurs et nos clients sont bloqués à l’entrée du site», déplore Ampacet.

Ni diffamations ni blocages

Encore une fois, l’OGBL se défend. «De prime abord, il s’agit quasiment exclusivement de personnel administratif et de quelques briseurs de grève», précise Stefan Osorio. Ensuite, il ne pourrait pas être question d’agressions verbales ou de blocages : «Il est clair que les briseurs de grève sont accueillis avec des sifflets, car ils laissent littéralement choir leurs collègues grévistes sous la pluie». Finalement, les fournisseurs seraient uniquement invités à marquer un bref arrêt au portail d’entrée, afin d’informer les chauffeurs sur la situation. «On leur distribue désormais un tract en 10 langues, précisant qu’il n’y a pas de personnel sur le site pour décharger et charger leurs camions», indique le secrétaire central.

Reste la question du recours à des travailleurs intérimaires, engagés pour suppléer les grévistes. La direction affirme ne pas avoir fait de démarche semblable. L’OGBL persiste toutefois après avoir identifié au moins un intérimaire qui s’est présenté mercredi dernier au poste de garde.

L’engagement d’Ampacet de «poursuivre» ses plans «visant à augmenter les possibilités de production (…) sur le site de Dudelange» serait, en fin de compte, une bonne nouvelle. «Le Luxembourg reste un bon site pour investir. Il offre beaucoup d’avantages, mais dans ce package est inclut le dialogue social qui est à respecter», termine Stefan Osorio.

Les ministres de tutelle ne comptent pas «s’immiscer» dans le dossier

Dans les prochains jours, le ministre du Travail compte proposer à l’OGBL une date pour l’entrevue sollicitée la semaine dernière. Un premier contact téléphonique a eu lieu lundi. Néanmoins, Georges Mischo (CSV) n’a pas l’intention d’intervenir directement auprès de la direction d’Ampacet pour relancer les négociations. «Je laisse le soin aux partenaires sociaux de discuter et on verra ce qui en ressortira», affirmait-il dès lundi au micro de nos confrères de la radio 100,7.

Le son de cloche est semblable du côté du ministre de l’Économie. «Le ministre ne compte pas s’immiscer dans les négociations entre les syndicats et l’entreprise», précisent ses services à notre demande. Lex Delles (DP) lance toutefois un «appel aux deux parties pour trouver une solution» dans ce conflit social.

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