Claude Meisch a présenté mercredi les grandes lignes de son nouveau programme, pas si nouveau.
Lors de l’annonce de la formation du nouveau gouvernement Frieden, le 17 novembre, l’une des surprises avait été la reconduction de Claude Meisch au ministère de l’Éducation nationale – sans parler de sa nomination aux ressorts du Logement et de l’Aménagement du territoire. Que le CSV accepte de maintenir à son poste le ministre DP semblait improbable tant le parti avait critiqué sa politique éducative des dix dernières années. Et pourtant, le voilà, mercredi matin, présentant à la presse le programme gouvernemental prévu pour la nouvelle mandature. Comment expliquer cette nomination ? «Je ne suis pas leur porte-parole», glisse dans un sourire Claude Meisch. «Mais j’ai constaté lors des négociations, reprend-il, que la vision des deux partis était tournée vers l’avenir. Certes, on avait un passé différent, mais dans une démocratie, c’est bien d’avoir une opposition.»
Les grandes lignes du programme, déjà dévoilées dans l’accord de coalition, sont dans la continuité du précédent. L’idée majeure est de mettre l’enfant au centre du système éducatif et pour cela placer sur un pied d’égalité éducation formelle et non formelle. La création de trois écoles européennes publiques, le choix de l’alphabétisation des enfants en français ou en allemand progressivement dès 2026/2027, ainsi qu’une offre plus vaste et plus flexible de langues pour les lycéens, mais aussi de nouveaux parcours qualifiants… telles sont les mesures phares détaillées hier par le ministre.
Des évaluations pour les programmes aussi
Claude Meisch a aussi annoncé que des efforts seraient consentis pour favoriser l’inclusion des élèves à besoins spécifiques et le bien-être de tous. Plus de personnel spécialisé sera engagé et plus d’antennes régionales de centres de compétences en psychopédagogie déployées. D’ici 2030, précise le programme, qui prévoit une augmentation des encadrants et du nombre de places dans les structures d’accueil, chaque enfant bénéficiera d’une offre éducative à plein temps. «C’est un programme ambitieux», martèle le ministre. Programme dont les projets continueront à être évalués scientifiquement par le Script et le Luxembourg Center for Educational Testing (Lucet).
Claude Meisch ne cache toutefois pas les difficultés pour embaucher du personnel. Même si cela se fera petit à petit, la tâche risque de s’avérer ardue, le système éducatif luxembourgeois ne «produisant» qu’un tiers du nombre de recrutements sur le marché du travail. L’une des solutions ne pourrait-elle pas être d’assouplir la règle des trois langues exigées des enseignants lors de leur concours? Cette modification n’est pas de la compétence de l’Éducation nationale, mais de la Fonction publique, réplique le ministre, même si des dérogations existent déjà en nombre limité dans des écoles internationales avec du personnel anglophone par exemple.
Pendant sa précédente mandature, les syndicats lui avaient reproché son manque de dialogue : «Il prend ses décisions sans écouter les gens du terrain», avait ainsi déclaré Joëlle Damé, la présidente du syndicat d’enseignants SEW/OGBL, dans nos colonnes. Un message entendu? «J’ai toujours essayé de chercher le dialogue, dit-il. Et ça sera encore le cas pour cette législature-ci. Mais il y a un moment pour discuter et, à la fin, il faut quelqu’un qui prenne la décision. Je suis tout à fait ouvert pour jouer le rôle d’un médiateur et trouver des consensus entre l’une ou l’autre position, mais il faut qu’elles soient dirigées vers une direction globale et cohérente.» Des principes qui seront sans doute mis en application lors de la nouvelle consultation prévue – sur le même principe que la dernière qui avait abouti à la rédaction d’un livre blanc – entre les acteurs du monde enseignant et le ministre.