Accueil | Culture | Avec « Les Armes de la lumière », Ken Follett pose la dernière pierre de sa saga

Avec « Les Armes de la lumière », Ken Follett pose la dernière pierre de sa saga


L'écrivain Ken Follett. (photo Olivier Favre)

Avec près de 190 millions d’exemplaires vendus dans le monde, le Britannique est, à 74 ans, une star. Grand maître du roman historique, il publie Les Armes de la lumière, dernier volume de la saga Kingsbridge. Un best-seller, à coup sûr !

Gallois de Cardiff, il apprécie par-dessus tout les pavés. Surtout ceux, depuis les premières années 1970, qu’il envoie en librairie! À ce jour, il en a vendu, à travers le monde, près de 190 millions d’exemplaires. Une série en cours comme on dit puisqu’en ce début de mois, il propose, en sortie mondiale simultanée, Les Armes de la lumière, cinquième et dernier volet de la série La Fresque de Kingsbridge lancée en 1989 (1990 en français).

Ken Follett est aujourd’hui une star planétaire de la littérature. Il fut d’abord connu et reconnu comme auteur de romans policiers. Il est à présent tenu pour un des maîtres du roman historique. Pourtant, il ne manque pas de glisser qu’alors journaliste, il connut des débuts difficiles : «J’ai envoyé mes manuscrits les uns après les autres et après neuf échecs, j’ai pu publier le dixième». Il a bien fait : aujourd’hui, il est multimillionnaire, fait tourner une petite entreprise de vingt-six personnes sous la direction de sa femme Barbara (ex-députée travailliste et ministre de la Culture du gouvernement Gordon Brown en 2008-2009) et roule en Rolls Royce noire et blanche.

La révolution à toutes les pages

Un plumitif hexagonal a voulu faire le malin en tentant de lui faire dire qu’il y avait une contradiction à se dire de gauche et vivre dans le grand confort. Ce à quoi, élégance «so british», Ken Follett lui répondit : «Je suis un homme de gauche, pas un écrivain de gauche!». Essai transformé, tel un JPR Williams revêtu du maillot rouge frappé du poireau! Avec Les Armes de la lumière (un titre emprunté à une phrase de la Bible), Ken Follett met donc un point final (du moins, l’affirme-t-il) à la série Kingsbridge, débutée avec Les Piliers de la Terre, et qui court sur mille ans. L’écrivain a en effet décidé de se poser. Il confie : «Au début, je ne savais pas que ça deviendrait une saga. Mais parce que les gens ont beaucoup aimé, j’ai écrit un autre livre, puis un autre… J’en ai écrit cinq comme ça, et je pense que c’est assez. Il faut savoir s’arrêter avant que le public ne se lasse!».

Mais auparavant, Ken Follett a fait sa révolution. Une révolution qui emplit entièrement, totalement, Les Armes de la lumière. Tout y est, dont le féminisme, la révolution industrielle et le capitalisme. Ainsi, sur une période courant de 1792 à 1824, on est embarqué dans un formidable maelström, avec une révolution industrielle, des guerres napoléoniennes et la bataille de Waterloo. Il y a de l’épopée à tous les étages et à toutes les pages! En Angleterre, un gouvernement à poigne a décidé de faire du pays une puissance commerciale. De l’autre côté de la Manche, en France plongée dans la Révolution, ce sont les débuts de l’irrésistible ascension de Napoléon – les pays voisins observent, se positionnent en alerte maximale.

Honoré de Balzac et Léon Tolstoï

À la même époque, chez les Anglais, c’est le boom de la révolution industrielle avec, dans de nombreuses usines, la priorité donnée à la mécanisation des tâches. Conséquence : la dévalorisation du travail des ouvriers et la paupérisation de nombreuses familles. Le capitalisme est en marche… Ainsi, à Badford, près de Kingsbridge, le village fictif apparu dès Les Piliers de la Terre, un petit groupe d’habitants va mener la lutte. En attendant le grand soir, en espérant des lendemains radieux. Alors, ces personnages vont irriguer de leur grâce Les Armes de la lumière. Par exemple, Sal : elle a défié le fils du seigneur local, elle est chassée du village avec son fils Kit, sept ans, et trouve un travail de fileuse chez Spade, jeune tisserand qui vient d’hériter de l’entreprise paternelle et est résolument tourné vers l’avenir. Ainsi, il acquerra une «spinning jenny», machine qui multiplie le rendement par huit.

Chez Ken Follett, les personnages ont des airs de famille avec ceux d’Honoré de Balzac et de Léon Tolstoï. Et l’époque des Armes de la lumière est baignée de peurs, de menaces, de guerres avec un Napoléon qui, chef de guerre, sera vaincu à Waterloo. Quant à Ken Follett, demain matin et tous les autres jours qui suivront, il se lèvera à 5 h 30, au plus tard 6 h : «Je suis un lève-tôt, j’aime profiter de ces premières heures d’énergie où mon esprit est parfaitement clair pour me concentrer avant le petit-déjeuner…». Et peut-être déjà songer à un sixième tome.

Les Armes de la lumière, de Ken Follett. Robert Laffont.