Plus que jamais décidés à revenir au pouvoir, le CSV et sa tête de liste nationale, Luc Frieden, ont sorti de leur chapeau un nouveau principe mathématique. «À l’ouverture des bureaux de vote, les compteurs sont remis à zéro», a déclaré Luc Frieden dimanche sur RTL. Autrement dit : peu importe le résultat du scrutin précédent, le parti qui remporte le plus grand nombre de suffrages au soir des législatives doit, par la force des choses, emmener le prochain gouvernement.
La position des chrétiens-sociaux n’étonne guère. Aussi bien en 2013 qu’en 2018, ils sont sortis premiers des urnes. Mais à chaque fois, le parti a toutefois perdu des voix et des sièges par rapport aux législatives précédentes. Cette baisse de popularité a permis au DP, au LSAP et à déi gréng de gouverner sans le CSV. La frustration est importante dans les rangs chrétiens-sociaux. Or sur le plan local, le calcul prôné par Luc Frieden est déjà remis en cause.
Battu de justesse par le LSAP à Esch-sur-Alzette, le CSV se réfère bien au résultat des communales de 2017 pour justifier sa décision de rester au pouvoir, avec le concours du DP (en hausse) et de déi gréng (en baisse). Le scénario est identique à Bettembourg. Au lendemain des communales, la fameuse «volonté de l’électeur» semble toutefois être globalement respectée. Mais les dés sont loin d’être jetés, dans le camp des autres partis également. Le LSAP va-t-il faire le forcing pour sauver sa tête à Diekirch, malgré sa déroute ? La même question se pose pour le CSV à Pétange et Ettelbruck, et peut-être aussi à Schifflange. À Wiltz, le bourgmestre socialiste vacille aussi.
Il faut rappeler ici aux stratèges des partis les conséquences que ce genre de calculs politiques peuvent avoir. Visiblement vexés par la mise à l’écart du CSV en 2013, nombre d’électeurs ont permis aux chrétiens-sociaux de prendre une sacrée revanche aux communales de 2017. Ce résultat ne s’est pas confirmé lors des législatives de 2018. Cette fois, le prochain scrutin a lieu dans un peu moins de quatre mois déjà. La circonscription Sud pourrait faire basculer le scrutin. Le non-respect de la remise à zéro des compteurs va-t-il nuire ou profiter à l’un ou l’autre parti ? Les urnes vont rapidement parler.