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Les 38 heures ? Pas si simple

Le LSAP ne se cache pas. Hier, le ministre du Travail, Georges Engel, a réaffirmé que son parti plaide pour l’introduction d’une semaine de travail réduite de 40 à 38 heures. Pour l’instant, les socialistes sont assez isolés. Tout au plus, déi Lénk semble encline à soutenir une réduction du temps de travail. Cette réforme est-elle mort-née, bien avant les législatives et la formation du prochain gouvernement?

L’étude sur les enjeux et les risques d’une réduction du temps de travail présentée hier n’offre en tout cas aucune garantie sur le succès d’une telle mesure, censée à la fois pérenniser l’attractivité du marché du travail luxembourgeois et lutter contre la pénurie accrue de main-d’œuvre, touchant tous les secteurs.

Si les chercheurs du Liser et de l’université du Luxembourg restent prudents avant de trancher la question du réel apport de cette adaptation du droit du travail, l’analyse de la situation dans les pays ayant déjà sauté le pas révèle des freins non négligeables. Baisser le nombre d’heures de travail peut, en effet, pousser salariés et entreprises dans un genre de cercle vicieux.

En théorie, travailler moins doit améliorer le bien-être et la santé des employés, avec à la clé une meilleure conciliation entre vie professionnelle et vie privée. Les conditions de travail plus attractives sont supposées attirer davantage de personnes qualifiées. La productivité et l’emploi sortiraient gagnants.

En pratique, une réduction du temps de travail pourrait toutefois mener à une détérioration de la compétitivité des entreprises, une hausse de la charge du travail pour combler les heures perdues et une réduction des revenus. Les chercheurs évoquent des «effets mitigés» sur tous les aspects liés à une telle réforme, y compris en ce qui concerne l’attractivité du pays.

Le ministre Engel admet que l’étude démontre une «série de points ambigus qu’il faudrait creuser davantage» avant de décider une réduction. Un passage généralisé et collectif à, par exemple, 38 heures semble exclu, du moins en suivant les conclusions de l’étude. Mais le débat sur la question devra être mené objectivement, et cela aussi avec un DP ou un camp patronal qui se disent peu disposés à s’engager dans cette voie.