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Twitter retire les anciens badges bleus


Le badge bleu signale désormais les utilisateurs qui paient huit dollars par mois pour avoir cette distinction et d'autres avantages de "Twitter Blue". Photo : AFP

Qu’ont en commun le Pape, Donald Trump et Beyoncé ? Ils ont tous les trois perdu jeudi leur coche bleue sur Twitter, autrefois gage de crédibilité, alors que la plateforme a enfin mis la menace d’Elon Musk à exécution et retiré le badge à ceux qui refusent de payer.

Le réseau social changeait rapidement d’allure au fur et à mesure que les comptes perdaient cette marque distinctive, obtenue dans le passé après vérification de l’identité de l’utilisateur et selon certaines conditions, dont la notoriété.

Le badge a ainsi disparu des comptes de personnalités comme Justin Bieber, Cristiano Ronaldo, Bill Gates ou encore Lady Gaga, ainsi que de ceux de nombreux journalistes, professeurs et militants. Même @jack, le compte du cofondateur de Twitter Jack Dorsey, a été dépouillé.

Du côté des politiques, beaucoup d’élus l’ont aussi perdu, mais certains ont obtenu dans la foulée la coche grise, réservée aux comptes du gouvernement ou de certaines organisations. C’est le cas de Kevin McCarthy, le patron des républicains à la Chambre américaine des représentants.

Le badge bleu signale désormais les utilisateurs qui paient huit dollars par mois pour avoir cette distinction et d’autres avantages de « Twitter Blue » (plus de visibilité, des privilèges techniques, moins de publicités), comme Donald Trump Junior ou le Dalaï Lama.

« Je sais qu’on va me juger parce que j’ai la coche bleue, mais tant pis, j’ai besoin du bouton pour éditer mes tweets », a tweeté Marques Brownlee, un créateur de contenus suivi par 6 millions d’utilisateurs.

La tournée du patron

D’autres ont fait part de leur étonnement, comme l’auteur à succès Stephen King, suivi par 7 millions de personnes.

« Mon compte Twitter dit que j’ai souscrit à Twitter Blue. C’est faux. Mon compte Twitter dit que j’ai donné un numéro de téléphone (pour l’authentification, ndlr). C’est faux », a-t-il déclaré sur la plateforme jeudi.

« Je vous en prie, namaste », lui a répondu Elon Musk.

Le patron a indiqué dans un autre tweet qu’il « payait personnellement pour quelques abonnements ».

Un autre changement controversé lié au nouveau système d’authentification, les mentions « affilié à l’Etat » et « financé par des fonds gouvernementaux » ont été supprimées vendredi des pages de grands médias, à l’instar de celle de la radio publique américaine NPR, qui avait récemment quitté Twitter en protestation.

« Les organisations de médias financées par un État et dotées d’une indépendance éditoriale, comme la BBC au Royaume-Uni ou NPR aux États-Unis, ne sont pas définies comme des médias affiliés à un État », précisait Twitter sur son centre d’aide.

« Twitter verified », le compte de l’abonnement payant à Twitter Blue, avait prévenu mercredi que le réseau social retirerait le lendemain les badges bleus obtenus avant qu’Elon Musk ne rachète l’entreprise, fin octobre, et n’impose sa vision à rebours de la précédente philosophie.

« Pour rester authentifiés sur Twitter, les individus peuvent s’abonner à Twitter Blue ici », avait précisé le compte officiel.

La date n’a pas été choisie au hasard : le 20 avril, prononcé 4/20 en anglais, est synonyme de cannabis aux Etats-Unis. Et le patron de Tesla et SpaceX raffole des blagues sur ce sujet, au point d’avoir racheté la plateforme à 54,20 dollars par action.

Le « pouvoir au peuple » ?

Le multimilliardaire a dû s’y reprendre à plusieurs fois pour lancer Twitter Blue, suscitant cacophonie et confusion. En novembre, il avait assuré vouloir « donner plus de pouvoir au peuple » et abolir « le système actuel des seigneurs et des paysans, entre ceux qui ont la coche bleue et ceux qui ne l’ont pas ».

« Les messages de comptes vérifiés s’afficheront par défaut », avait-il détaillé, tandis que les tweets provenant de personnes n’ayant pas payé seront traités un peu comme des « spams » sur une boîte mail – un dossier que l’on « peut toujours aller consulter ».

L’abonnement doit aussi permettre selon lui de lutter contre les faux profils et les comptes automatisés, et de diversifier les revenus, alors que de nombreuses marques ont fui la plateforme.

Entre novembre et janvier, la moitié des 30 principaux annonceurs sur Twitter avaient cessé d’y acheter des espaces publicitaires, d’après Pathmatics.

Les marques hésitent à dépenser sur une plateforme « où règnent le chaos, les changements arbitraires et l’incertitude », a expliqué la semaine dernière Jasmine Enberg, d’Insider Intelligence.

Selon ce cabinet d’études, les revenus de Twitter chuteront de 28% cette année. Et l’analyste ne pense pas que Twitter Blue permettra de compenser le manque à gagner.

« La coche bleue n’est plus un gage de crédibilité », depuis que n’importe qui peut payer pour l’avoir, a-t-elle souligné.