Après dix mois de concerts, d’expositions et de projets culturels, le collège échevinal d’Esch-sur-Alzette tire son propre bilan d’Esch 2022, qui s’achèvera officiellement jeudi.
Un clin d’œil effectué que nous voilà déjà à la fin d’Esch 2022. Les animations musicales et les projections architectoniques, qui ont enjolivé le centre d’Esch et démarré le programme de la capitale européenne de la culture à la fin du mois de février, semblent déjà si loin. Les menaces d’une annulation ou d’un report en raison de la crise sanitaire également, alors que, à titre d’exemple, la ville serbe de Novi Sad avait dû déplacer ces manifestations de 2021 à 2022 : «Nous avons eu peur de ne pas organiser notre année culturelle dans le cadre d’Esch 2022, même s’il y avait un plan B concernant une ouverture en digital. Une annulation aurait été une catastrophe», confie Georges Mischo, bourgmestre d’Esch-sur-Alzette.
Au bout du compte, la crainte s’est métamorphosée en satisfaction au regard du «succès» d’Esch 2022, qui a fait l’objet d’un retour d’expérience de la part du collège échevinal eschois. Tous s’accordent sur la multitude de retombées positives pour la capitale des Terre Rouges et la nécessité de perpétuer l’héritage d’une telle année culturelle.
119 000 visiteurs pour la ville
Façonnée en 1985 par l’Union européenne, l’initiative des capitales de la culture vise à promouvoir la diversité et la richesse des cultures du Vieux Continent, tout en développant le sentiment citoyen d’appartenance à un espace commun. Esch-sur-Alzette, au même titre que Kaunas en Lituanie cette année, avait donc pour mission de mettre en valeur son patrimoine ainsi que son dynamisme culturel à travers des expositions, des concerts et évènements locaux.
La deuxième ville du pays, accompagnée par les 10 communes Pro-Sud et les 8 communes françaises de la communauté de communes Pays Haut Val d’Alzette, s’est donc attelée à fournir un agenda dense, avec un total de 2 000 projets sur dix mois, dont 160 estampillés du label «capitale européenne de la culture» : «C’est un succès par rapport au nombre de visiteurs, soit plus de 119 000 pour les projets de notre ville. Nous avons eu des retours et des échos très positifs de nos services culturels, qui ont été très largement sollicités tout au long de l’année», explique le bourgmestre d’Esch-sur-Alzette.
Du changement pour les Nuits de la culture
Pour les aficionados et adeptes des Nuits de la culture, 2023 sera finalement une année de préparation pour un temps fort prévu en 2024. Si une Nuit de la culture, sous forme d’une grande fête dans l’espace publique, aura tout de même lieu l’an prochain, une nouvelle programmation artistique sera proposée pour 2024. Celle-ci intégrera les projets de territoire, mais tentera de tirer parti de l’esprit de la capitale européenne de la culture. Du mois d’avril, ou mai, à septembre 2024, la ville proposera ainsi un agenda «dense, festive et rassembleur autour d’une thématique commune». L’occasion de réinvestir l’espace public comme terrain de jeux, de rencontres et de découvertes. Au terme de ces Nuits de la culture 2024, le cycle se réenclenchera naturellement.
Francofolies et Nuits de la culture, stars de l’année
Les chiffres exacts concernant les retombées financières seront disponibles au mois de mars 2023, mais les prévisions semblent bonnes. D’autant plus que la ville a dépensé plus de dix millions d’euros pour la tenue d’Esch 2022, alors que le gouvernement a fourni une enveloppe de 40 millions. Un investissement colossal, comme en témoignent les nombreux événements qui ont pris place dans la ville. Pour ne citer qu’eux, la Bridderhaus, ouverte en juin, a accueilli 52 résidences d’artistes jusqu’au 14 décembre, avec un total de 25 concerts pour 1 911 visiteurs, tandis que l’espace d’art contemporain du Konschthal a brassé près de 12 5333 visiteurs, dont 4 313 dans le cadre d’activités pédagogiques.
Néanmoins, les starlettes de cette année culturelle furent, sans conteste, les Francofolies et les Nuits de la culture, où 60 000 personnes se sont rendues pour ces dernières. Enfin, il est impensable d’écrire ces lignes sans mentionner le travail en synergie de près de 2 060 bénévoles, aussi appelés «Grands Rêveurs», qui auront été nécessaires pour assurer la bienséance d’une telle manifestation.
Faire perdurer l’héritage
Après une année aussi mouvementée, une seule question monopolise les esprits : Et maintenant? Sans détour, Georges Mischo considère qu’Esch 2022 a été le «maillon d’une stratégie culturelle plus globale» visant à donner un cap à suivre en la matière. Par ailleurs, le conseil communal de la Ville a voté à l’unanimité, au début du mois d’octobre, pour une mise à jour de la tactique à adopter jusqu’à l’horizon 2027 : «L’intention générale de la stratégie Connexions II reste sensiblement la même, mais insiste sur l’accessibilité et la transition écologique et sociale. Les finalités visent à évaluer et à pérenniser l’héritage 2017-2022», communiquait le collège échevinal eschois.
Dès lors, les chantiers sont nombreux et s’articulent principalement autour d’une définition précise de la création et de conditions optimales pour la stimuler, tant sur le flanc économique que politique. La volonté de rester visible, malgré la fin d’Esch 2022, alimente également les réflexions du collège échevinal, qui compte élargir ses offres pour les locaux et les extranationaux : «Nous n’avons pas peur de continuer. Nous avons les bâtiments, les infrastructures et l’expérience pour perpétuer cet héritage», fait état Georges Mischo.
Face aux critiques de certaines organisations, à l’instar de l’ASBL Richtung 22, un appel à projets sera également lancé en 2023 concernant un soutien économique destiné aux associations locales qui se sont investies dans Esch 2022.