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Belval : une petite maison pour de grandes ambitions


Sous la direction de l'architecte et professeure invitée Carole Schmit, la Petite Maison se veut une sculpture éphémère. (Photo : université du Luxembourg)

Pour Esch 2022, architectes, professeurs et étudiants ont façonné une maison éphémère à Belval destinée à promouvoir la circularité et la durabilité. Le projet se veut une base de réflexion pour lutter contre le manque de ressources.

Quelle est donc cette étrange maisonnette sur la place de l’Université à Belval, en face de la Maison du savoir, qui attire tant le regard? Certains y verront un havre de paix, où l’on peut s’allumer une cigarette entre deux cours. D’autres, un nouveau fast-food en vogue, qui a astucieusement choisi cet emplacement afin de capter la clientèle du Belval Plaza.

«C’est vrai qu’elle ne paye pas de mine au premier abord», ose même charrier le recteur de l’université du Luxembourg, Stéphane Pallage, lors de l’inauguration du bâtiment. Pourtant, la Petite Maison est un véritable bijou architectural conçu pour être en phase avec les temps actuels. Après plus de deux ans et demi de travail, l’université du Luxembourg apporte sa pierre à Esch 2022 en proposant un projet collaboratif sur le thème de la circularité.

Une sculpture éphémère implantée pour neuf

Sous la direction de l’architecte et professeure invitée Carole Schmit, la Petite Maison se veut une sculpture éphémère implantée pour neuf mois et guidée par les notions de durabilité, de confort et de résilience. Entièrement réalisée avec des ressources de seconde main ou recyclées ainsi que des matériaux à haut potentiel de réutilisation, la demeure a pour autre particularité d’être démontable et aménageable à un tout autre endroit : «La Petite Maison permet de relever le défi de l’économie circulaire. Si je pouvais, je l’emmènerais avec moi au Canada, au bord d’un grand lac», plaisante Stéphane Pallage, qui tire sa référence de la villa construite sur les berges du lac Léman en 1923 par Le Corbusier. Rien d’anodin dans le clin d’œil.

Projet idyllique et économique

À l’instar du pionnier de l’architecture moderne, Carole Schmit a pensé la Petite Maison tel un objet ergonomique et fonctionnel, influencé par l’esprit du XXe siècle. La modeste construction en bois, accessible de plain-pied, comprend un toit-jardin et une infime pièce à vivre ornée de larges fenêtres, qui offrent un espace intérieur illuminé : «Ce n’est pas une maison terminée, qui a vocation à être habitée, mais elle fonctionne comme une base de réflexion, alliant flexibilité et confort, détaille Carole Schmit. Tout comme les architectes Lacaton et Vassal, on a cherché à faire un projet idyllique et généreux, mais en veillant à économiser l’espace.»

Le projet a été inauguré par le recteur de l’université du Luxembourg, Stéphane Pallage, et les différents acteurs mobilisés pour Esch 2022. Photo : alain rischard

En face de la structure, plusieurs îlots d’arbres forment une pépinière éphémère qui contribue à réguler le climat local, tout en offrant des zones d’ombre. Au terme de l’hiver, ces plantations retourneront sur le Central Square, soit la place où elles ont initialement été prélevées : «Pour rendre les espaces habités et les environnements parfois menacés plus résilients, des interventions de courte ou de moyenne durée permettent de rapidement améliorer la situation, en attendant que les projets d’envergure et de nature permanente se mettent en place», expliquaient les différents collaborateurs dans la présentation du projet.

Un travail collectif au long cours

Là où la «Villa du Lac» se voulait une réalisation personnelle du Corbusier, la Petite Maison est le fruit d’un travail collectif au long cours, qui a mobilisé plusieurs acteurs universitaires et professionnels du bâtiment. Dragos Ghioca, architecte chargé de recherche au master en architecture, ou encore le Pr Christoph Odenbreit, spécialiste en constructions métalliques, ont collaboré dans cette vaste entreprise. Plusieurs élèves de l’université ont également contribué à l’élaboration de la Petite Maison : «Nous avons eu beaucoup de soutien de l’université dans ce projet, mais également du Luxembourg Institute of Science and Technology (LIST) et de l’ASBL frEsch», indique en complément Carole Schmit.

«Nos ressources sont finies»

Outre l’idéal architectural qui habite l’esprit des différents collaborateurs, le projet se veut également une tentative de réponse à la disparition progressive de nos ressources premières et aux différentes crises environnementales que l’humanité traverse avec difficulté. La Petite Maison a d’ailleurs été pensée en trois phases :  construction, exposition et déconstruction. «Nous savons que nos ressources sont finies, mais nous continuons à détruire des bâtiments pour en reconstruire de nouveaux à chaque fois. C’est un acte très pollueur, qui nécessite qu’on adapte nos pratiques», fait état l’architecte en chef du projet.

Loin de s’avancer comme les détenteurs de la solution miracle, les différents acteurs mobilisés sur le projet voient en la Petite Maison un prototype pouvant servir dans le futur. D’ailleurs, chaque élément de construction est lié à une base de données virtuelle, qui pourra être réutilisée après 2022. Ces informations sont disponibles sur des codes QR disposés sur l’ensemble du site. De quoi donner des idées à de futurs architectes ou, éventuellement, à la famille Ingalls…