Près de cinq mois après le début de la guerre que mène la Russie contre l’Ukraine, il est horrible de constater que des civils sont toujours visés par les bombes et missiles russes. Le fait que le Kremlin réfute avec force toute attaque contre des cibles non militaires constitue un indice que Vladimir Poutine est bien conscient que des crimes de guerre sont commis au jour le jour. Il est insensé de croire que l’armée ukrainienne massacre ses compatriotes uniquement pour blâmer l’agresseur russe.
Heureux et chanceux – si l’on peut le formuler ainsi – sont les quelque 7,4 millions de ressortissants ukrainiens qui ont réussi à fuir. Les Polonais, très récalcitrants à l’idée d’accueillir des réfugiés africains, hébergent aujourd’hui 1,2 million de personnes forcées de quitter l’Ukraine. La Pologne arrive ainsi en tête des 27 États membres de l’UE en ce qui concerne l’accueil des réfugiés de guerre.
Malgré cette solidarité retrouvée, il reste le goût amer qu’une différenciation entre les réfugiés selon leurs origines a été opérée. Les Ukrainiens sont dans certains pays considérés comme les «bons réfugiés». Sont mises en avant leur culture, proche de ce qui se vit dans la partie occidentale du continent, et leur volonté de retourner dès que possible dans leur pays d’origine. Selon Bruxelles, 3,5 millions d’entre eux ont déjà regagné l’Ukraine.
Même si le flux est aujourd’hui freiné, cette crise migratoire n’est pas encore terminée. Aussi longtemps que la guerre perdurera, des civils se trouveront en danger de mort, y compris dans des régions de l’Ukraine situées loin du front. Et puis, il ne faut pas perdre de vue une possible prochaine vague. Le risque de famine qui pèse sur le continent africain, coupé des livraisons de céréales ukrainiennes, laisse, en effet, craindre le pire. Il est à rappeler que ce ne sont pas les sanctions décrétées contre la Russie qui provoquent cette situation. Encore une fois, le seul fautif s’appelle Poutine.
L’Europe devra faire face, sans tomber dans le piège du deux poids, deux mesures. Car, comme le souligne à juste titre le ministre des Affaires étrangères, Jean Asselborn, «avoir chez nous un peu plus froid en hiver prochain n’est en rien comparable aux famines qui menacent l’Afrique».
Affirmer péremptoirement la non-influence des sanctions sur l’évolution des pénuries énergétiques et des denrées alimentaires est le reflet d’un avis strictement personnel. Ce n’est pas de l’information media objective.
Dommage…