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De l’Abrigado à Schrassig


La rixe entre les deux sans-abris a eu lieu dans un camp de fortune dressé derrière l’Abrigado.

Fathi a été reconnu coupable de s’être acharné sur un sans-abri avec un couteau et une barre de fer. Les raisons de ce geste sont troubles.

Fathi a été condamné jeudi à une peine de réclusion de 12 ans pour tentative de meurtre. Le prévenu est accusé d’avoir poignardé un sans-abri comme lui en juin 2017 avec un couteau multifonctions. À cette peine viennent s’ajouter quatre années de sursis probatoire d’une peine précédente.

La représentante du ministère public avait estimé en avril dernier que si la victime, touchée aux poumons, avait échappé à la mort, «c’est le fruit du hasard». Selon elle, «Fathi a commis des actes de nature à causer la mort qui auraient pu être létaux». La victime a été touchée à quatre reprises, dont trois fois à la poitrine.

Les circonstances des faits qui se sont produits au petit matin dans le campus de sans-abris qui jouxte l’Abrigado, dans le quartier de la gare, sont floues. La victime a disparu dans la nature depuis. Chacun a accusé l’autre d’avoir initié la rixe et, à la barre de la 9e chambre criminelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg, le jeune homme s’était présenté comme une victime. Tribunal et enquêteurs avaient dû se reposer sur le témoignage d’un ouvrier communal qui a assisté à une bonne partie de la rixe entre les deux hommes.

Dans le feu de l’action

«Les témoins ont affirmé qu’il s’était acharné sur la victime jusqu’à ce qu’elle s’écroule», avait souligné la représentante du ministère public avant d’écarter les moyens de légitime défense et les excuses de provocation avancés par l’avocat du prévenu. Me Says avait demandé au tribunal de ne pas retenir la tentative de meurtre.

Fathi a, selon lui, agi dans le feu de l’action sur le coup de la peur sans avoir conscience que son geste pouvait être mortel. «Il n’avait pas de couteau sur lui», avait insisté l’avocat. «Les faits se sont produits dans le milieu de la drogue. Des agressions y ont lieu tous les jours et la situation la plus minime peut dégénérer sous l’influence de l’alcool et des stupéfiants», avait-il poursuivi.

Il avait terminé sa plaidoirie en demandant au tribunal de condamner le jeune homme à «une peine dont il pourra voir le bout». Son client n’aurait jamais connu de vie normale et il faudrait, selon l’avocat, lui donner les moyens de pouvoir y accéder.