Les sympathisants de la République en marche au Luxembourg estiment que le premier défi majeur du second mandat d’Emmanuel Macron sera la reconquête des électeurs pour les législatives de juin.
Il se trouvait aux premières loges dimanche soir. Frédéric Schauli, «animateur local» de La République en marche (LREM) au Luxembourg, était présent à Luxexpo où étaient installés les 21 bureaux de vote réservés aux Français résidant au Grand-Duché. «Son» candidat Emmanuel Macron a été plébiscité par les électeurs qui sont passés au Kirchberg. Un œil restait toutefois rivé sur les résultats en provenance de Paris.
Le président sortant a finalement recueilli 58,55 % des voix. «On aurait espéré signer un meilleur résultat, à l’image du score de 2017, mais on n’est plus dans ces conditions-là. Davantage de votes se reportent aujourd’hui vers l’extrême droite», constate sobrement Frédéric Schauli, contacté hier après-midi par téléphone. C’est donc avec un sentiment partagé que les partisans d’Emmanuel Macron ont vécu la soirée électorale. «Il y a un vrai soulagement, mais aussi une inquiétude au vu de la montée de l’extrême droite. Il ne faut en rien se satisfaire d’un score aussi élevé du Rassemblement national», reprend le représentant de LREM.
«Il faudra faire preuve de pédagogie»
Frédéric Schauli se dit conscient que le plus dur reste à venir pour Emmanuel Macron. Le taux d’abstention (28 %) l’interpelle tout autant que le nombre de voix récolté par Marine Le Pen (41,45 %). «Il faudra prendre en considération tous ceux qui ne se sentent plus écoutés. Il y a des personnes qui votent Rassemblement national non pas parce qu’elles adhèrent à toute cette idéologie, mais parce qu’elles ne se sentent pas entendues. Il faudra penser à retravailler là-dessus et changer la manière de faire de la politique», développe celui qui est également conseiller à l’Assemblée des Français de l’étranger.
En attendant, le pire a été évité. Y a-t-il eu au Luxembourg des doutes sur l’issue de la présidentielle ? «Une élection n’est jamais jouée d’avance. Contrairement au Luxembourg, où le vote est obligatoire, en France, on peut décider de ne pas aller voter. Le résultat est une abstention quand même importante. Il était donc important de mobiliser un maximum de gens et de démontrer qu’ils avaient le choix entre deux visions totalement opposées de la société», souligne Frédéric Schauli.
Un premier tournant majeur du deuxième quinquennat d’Emmanuel Macron sera constitué par les élections législatives au mois de juin. L’équation qui se présente au président réélu est très complexe. Le point de départ sera le programme de LREM, qui, selon notre interlocuteur, comprend des éléments qui peuvent convaincre des électeurs de tous horizons. «Il faudra faire preuve de pédagogie et plus aller dans le détail sur l’écologie et le pouvoir d’achat. Ce sont des points qui ont amené des gens à voter pour la gauche emmenée par Jean-Luc Mélenchon. Mais ce sont des choses qui figurent aussi dans notre programme», clame l’«animateur local» de LREM au Luxembourg.
Il ne cache pas qu’il peut y avoir des différends sur le nucléaire. «Notre objectif est clairement de décarboner. Mais, pour l’instant, on doit user de l’ensemble du mix énergétique pour pouvoir le faire. J’entends bien que certains veulent se passer du nucléaire, mais malheureusement, pour le moment, ce n’est pas possible», relate Frédéric Schauli.
Vers un gouvernement de coalition ?
Le mot d’ordre en prévision des législatives est clair : «Il faut se battre et aller de l’avant et convaincre chaque électeur afin de décrocher une majorité. Il nous faut changer de méthodologie pour capter et convaincre tous les électeurs de droite ou de gauche, car justement l’objectif de LREM demeure de prendre les bonnes idées des deux camps pour en faire une synthèse. Cela reste la force de la majorité présidentielle.»
S’ouvrir à un gouvernement de coalition est une option que Frédéric Schauli ne rejette pas. Il précise toutefois s’exprimer en son nom personnel, avec son vécu de Français au Luxembourg qui dispose de la double nationalité : «J’aime beaucoup le système luxembourgeois où on fonctionne avec des coalitions. À titre personnel, je dis qu’il faudrait davantage regarder ce qui se fait dans d’autres pays pour renouveler le système électoral français.» Une ligne rouge est cependant dressée par le représentant de LREM : «On ne pourra pas composer avec des gens qui n’ont pas les mêmes valeurs démocratiques, progressistes et européennes. Mais avec tous les autres, il faudra tenter de travailler ensemble.»