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La démission

C’est donc bien une… cabane de jardin qui a forcé, pour la première fois depuis 24 ans, un ministre luxembourgeois à démissionner. En 1998, le socialiste Johny Lahure avait endossé la responsabilité politique pour des dysfonctionnements dans son ministère de la Santé. Bien qu’il faille encore attendre pour en savoir plus sur la teneur des faits qui visent Carole Dieschbourg, l’affaire ayant fait chuter la ministre de l’Environnement peut paraître pathétique.

Cette impression se renforce si l’on se remémore que l’ancien ministre de la Justice Luc Frieden, soupçonné de s’être immiscé dans l’enquête Bommeleeër, avait refusé de démissionner. Il en va de même pour l’ex-ministre de l’Économie Jeannot Krecké, suspecté, lui, d’extorsion dans l’affaire Livange-Wickrange. Bien plus récemment, la ministre libérale de la Famille, Corinne Cahen, n’a pas plié face à la grave accusation d’être politiquement responsable de la vague de décès liés au covid dans les maisons de soins et de retraite. Et puis, il ne faut pas oublier que même l’ancien Premier ministre Jean-Claude Juncker n’a jamais formellement assumé sa faute dans l’affaire SREL.

Cette réflexion n’est pas à considérer comme un plaidoyer pour Carole Dieschbourg. L’ex-ministre déi gréng a décidé de prendre les devants pour échapper à une accusation par la Chambre des députés. Elle souligne vouloir se présenter face à la justice indépendante. Il est en effet cocasse qu’il revienne encore et toujours au seul Parlement d’assumer le rôle de juge en cas de malversation présumée d’un ministre. La démission ne pourrait cependant pas suffire à échapper à une procédure parlementaire.

En attendant de voir plus clair dans cet imbroglio politico-judiciaire, il faut souligner que la présomption d’innocence vaut aussi bien pour Carole Dieschbourg que pour Roberto Traversini. L’ancien député-maire de Differdange, à l’origine de l’affaire Gaardenhaischen, est poursuivi pour de supposés faits de détournement de deniers publics ou privés, de prise illégale d’intérêts et de blanchiment. Mais peu importe l’issue des enquêtes en cours, il faudra que la justice tranche en dernier lieu et non pas la Chambre, piégée par un cadre constitutionnel datant encore du XIXe siècle…

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