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Salmonellose dans les Kinder : accusé d’avoir tardé à réagir, Ferrero conteste


Pour Foodwatch, l'entreprise a "joué au jeu du pas vu, pas pris". (Photo : AFP)

Alerté mi-décembre de la présence de salmonelles dans son usine Kinder en Belgique, Ferrero se défend d’avoir tardé à réagir, comme l’en accuse l’ONG Foodwatch, alors que 150 cas de contamination ont été déclarés en Europe.

Depuis fin mars, le nombre de malades atteints par la salmonellose, dont les symptômes ressemblent à ceux de la gastro-entérite, n’a cessé de gonfler avec des cas détectés dans neuf pays européens. La première alerte remonte au 23 mars lorsque les autorités britanniques avisent le groupe italien que ses produits pourraient être à l’origine de contaminations aux salmonelles.

Mais, selon les agences sanitaires de surveillance européennes, le premier cas détecté, en Angleterre, remonte au 21 décembre, sans que le lien avec les chocolats Kinder n’ait été alors établi. « Qu’a donc fait Ferrero entre décembre et mars? », s’interroge Camille Dorioz, responsable des campagnes de Foodwatch, qui s’étonne également que le rappel des produits en France n’ait été ordonné que le 4 avril. La branche française du confiseur n’a « été alertée que le 30 mars par la direction départementale de protection des populations (DDPP) », rétorque la direction.

Ferrero indique qu’il avait, le 15 décembre, identifié et bloqué dans son usine belge des lots contaminés par des salmonelles et dit avoir pris des mesures d’hygiène pour éliminer la présence de la bactérie. Quant aux autorités sanitaires belges, à ce moment-là, elles n’ont pas été prévenues, précise-t-on chez le confiseur.

« L’enquête est en cours et vise à comprendre pourquoi des gens sont tombés malades alors qu’on avait bloqué les produits », explique-t-on chez Ferrero France à propos des investigations menées par la justice belge.

La totalité des chocolats produits dans la fabrique d’Arlon – des Kinder Surprise et Schoko-Bons principalement – a finalement été rappelée le 8 avril. Faute de garanties, l’agence sanitaire belge a ordonné la fermeture de l’usine, écornant l’image de la marque à quelques jours de Pâques, période de pic des ventes de chocolat.

« Pas vu, pas pris »

Ferrero donne « l’impression de tenter d’échapper à ses responsabilités », estime Foodwatch, qui s’indigne d’un « manque de transparence ». L’ONG critique tout d’abord les premiers rappels de produits en France sous « forme de saupoudrage », concernant uniquement certains lots, alors que cette infection, généralement bénigne, peut parfois s’avérer mortelle.

« Les oeufs de Pâques et autres lapins Kinder Maxi Mix ne sont pas les seuls concernés par le scandale », prévient l’ONG dans un communiqué, selon qui des produits Kinder auraient pu être contaminés dès Noël dernier.

Pour Foodwatch, l’entreprise a « joué au jeu du pas vu, pas pris ». « La période des fêtes est faste pour Ferrero qui a visiblement préféré tenter le tout pour le tout et ne pas procéder à un retrait-rappel à ce moment-là », juge l’ONG.

« Ce ne sont pas des produits à risque », lui oppose le confiseur, qui souligne que les produits de Noël, comme les calendriers de l’Avent, sont sortis de l’usine avant le 15 octobre, début de la période de rappel des chocolats. S’ils font également l’objet d’un rappel aujourd’hui, c’est « par souci d’uniformisation et de bonne compréhension des consommateurs », affirme Ferrero.

Ces contaminations et celles à la bactérie E.coli provoquée par la consommation de pizzas Buitoni ont multiplié les critiques envers les autocontrôles, obligatoires dans l’industrie agroalimentaire française. « C’est toujours la même chose: il y a une épidémie, l’enquête remonte à un produit, et on découvre a posteriori qu’il y a eu des autocontrôles positifs et que rien n’a été fait » , déplore Camille Dorioz.

Compte tenu de ses symptômes très proches de ceux de la gastro-entérite, il sera difficile de savoir si d’autres cas de salmonellose ont été provoqués par la consommation de ces produits Kinder.

« Toutes les procédures ont été renforcées », assure la branche française du confiseur, qui défend l’efficacité de ses autocontrôles et indique qu’il s’agit « du premier rappel opéré en 70 ans ».