Résiliente et renversante, l’équipe de France a signé une dernière demi-heure ébouriffante pour surpasser une Belgique revancharde (3-2) et valider sa qualification pour la finale de la Ligue des nations, grâce à l’héroïsme de son jeune international Théo Hernandez, jeudi à Turin.
Dominante pendant 60 minutes (2-0), la Belgique a longtemps cru pouvoir adoucir l’amer souvenir de la demi-finale du Mondial-2018 en Russie. Mais la sélection n° 1 mondiale a coulé face au champion du monde, une fois de plus, dans un scénario bien plus miraculeux qu’à Saint-Pétersbourg il y a trois ans (1-0)… Une revanche qui risque d’asseoir encore plus la rivalité entre ces deux nations voisines.
« Gagner ce match-là par rapport au scénario, ça prouve encore une fois la force de caractère de cette équipe », a réagi le sélectionneur Didier Deschamps sur TF1.
Les Bleus ont construit leur succès avec patience, révolte et folie. Karim Benzema a réduit le score (62e), Kylian Mbappé a retrouvé le sourire sur penalty (69e), et Théo Hernandez, pour sa deuxième sélection, a illuminé le Juventus stadium d’une frappe limpide au second poteau (90e), transperçant un Thibaut Courtois démuni.
Une rivalité qui a laissé des traces
Espagne-France sera donc l’affiche prestigieuse de la finale de la deuxième édition de la Ligue des nations, dimanche soir (20 h 45) à Milan, avec un second trophée à portée de Deschamps depuis sa prise de fonction en 2012. Il ne pourra pas remplacer, ni effacer, l’Euro manqué des Bleus, mais il peut permettre d’aborder le chemin vers le Mondial-2022 avec espoir.
La Belgique et sa génération dorée des Hazard, Lukaku et De Bruyne, essuie elle une nouvelle désillusion dans sa quête de titre international : l’équipe dirigée par Roberto Martinez reporte ses rêves d’une année, jusqu’au Qatar.
Les 20 000 tickets mis en vente n’avaient pas tous trouvé preneur, mais les 12 400 fans venus au Juventus stadium n’oublieront pas cette rencontre de folie : les quelques centaines de supporters français sont restés près d’une demi-heure à chanter après le coup de sifflet final. De quoi prouver, s’il le faut, que la rivalité née du Mondial russe a laissé des traces.
Mbappé a éteint De Bruyne
Dès l’entame, quelques huées ont bruissé lors des hymnes de part et d’autre, et l’intensité totale des premiers instants, marqués par un arrêt de grande classe signé Hugo Lloris devant Kevin De Bruyne (4e), a montré que les deux sélections n’étaient pas là pour faire de la figuration.
Le Mancunien allait être l’homme de cette première période : constamment trouvé entre les lignes, ingénieux dans ses passes, « KDB » a longtemps éclipsé la 50e sélection de Kylian Mbappé, un record en Bleu à seulement 22 ans, avec ses deux passes décisives, pour Yannick Carrasco (37e) et l’impressionnant Romelu Lukaku (41e). Le buteur de Chelsea a même cru, en toute fin de match, offrir la victoire aux siens mais il a été signalé hors jeu (87e).
Ce n’est qu’à l’heure de jeu, lorsque les Belges ont enfin reculé, que le Parisien a trouvé la faille. Une passe décisive pour Benzema, buteur face à son coéquipier Thibaut Courtois, puis un penalty obtenu par Griezmann et transformé avec autorité par l’attaquant du PSG, qui n’avait marqué qu’une fois en Bleu sur les 11 derniers matches.
Un match de frangins
Mbappé avait offert le premier but à Benzema, Benzema a offert le second à Mbappé en donnant le ballon du penalty à son jeune partenaire. Une manière de le laisser prendre ses responsabilités après son tir au but manqué à l’Euro face aux Suisses. Une façon, aussi, de lui prouver que l’équipe le soutient, contrairement à l’impression que Mbappé a pu avoir au sortir de la compétition estivale. Un spleen qu’il a partagé dans la presse cette semaine.
Ce choc de voisins fut aussi un match de frangins : les frères Lucas et Théo Hernandez, titulaires, ont arboré le maillot bleu ensemble pour la première fois, du jamais-vu depuis les Revelli, en 1974.
La fratrie se souviendra longtemps de cette première association, et Théo a désormais rendez-vous à San Siro dimanche, le stade de son quotidien. Pour un nouveau renversement ?
AFP/LQ