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Nordahl Lelandais condamné à 20 ans de prison pour le meurtre d’Arthur Noyer


Didier Noyer (d.), le père d'Arthur Noyer, et son avocat Bernard Boulloud parlant à la presse mardi, avant le verdict du procès de Nordahl Lelandais. (photo AFP)

Nordahl Lelandais a été condamné mardi à Chambéry à 20 ans de réclusion criminelle pour le meurtre d’Arthur Noyer en 2017, après sept jours d’un procès apaisé malgré sa forte médiatisation.

Lors de l’énoncé du verdict par le président de la cour d’assises, peu avant minuit, Nordahl Lelandais est resté debout, impassible et les mains jointes. Il a échangé avec ses avocats, puis s’est assis dans le box, comme sonné. Sa mère, présente dans la salle, a pu ensuite discuter avec lui. La cour d’assises de la Savoie n’a que partiellement suivi les réquisitions du ministère public, qui avait demandé le maximum encouru, soit 30 ans de réclusion criminelle. Elle a revanche assorti cette peine d’une période de sûreté des deux tiers, comme réclamé par la procureure générale.

« Nous sommes globalement satisfaits du jugement », a brièvement déclaré Didier Noyer, le père de la victime, à la sortie de l’audience. « On voulait que la société, que le système reconnaisse que c’est un meurtre, que notre fils a été victime. C’est fait. » « Il n’y a pas de victoire, il n’y a pas de défaite, » a déclaré peu après Alain Jakubowicz, l’avocat de Nordahl Lelandais, pour ses premiers mots à la presse depuis le début du procès. S’il reconnaît « une certaine frustration de ne pas avoir été suivi » dans sa plaidoirie, il a annoncé qu’il ne ferait pas appel. « Je crois qu’objectivement, ce fut un beau moment de justice. »

Un deuxième procès en 2022

Pendant les débats a plané l’ombre de Maëlys De Araujo, 8 ans, tuée, selon lui involontairement, par ce même Nordahl Lelandais quelques mois seulement après la disparition d’Arthur Noyer.

Nordahl Lelandais devra passer par un deuxième procès d’assises, en 2022 à Grenoble, pour cette affaire qui avait ému au delà des Alpes.

À Chambéry, le verdict met un terme à une histoire commencée dans la nuit du 11 au 12 avril 2017 : Arthur Noyer, chasseur alpin de 23 ans, disparaissait du centre-ville de Chambéry. Nordahl Lelandais n’avait été mis en cause qu’en décembre de la même année, alors qu’il était déjà en détention provisoire pour l’affaire Maëlys.

Après trois ans d’enquête et sept longues journées d’audiences, la justice a jugé Nordahl Lelandais coupable du meurtre du militaire. L’accusé s’était depuis le début du procès évertué à défendre une autre position : celle d’une bagarre qui a mal tourné, d’une rixe mortelle lors de laquelle il n’avait pas l’intention de tuer.

Le « mythe » du tueur en série 

Assurant qu’aucune preuve ne caractérisait l’intention homicide, sa défense, incarnée par Alain Jakubowicz, avait plaidé les violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner, un crime puni de quinze ans de réclusion criminelle.

« À la question : ‘Nordahl Lelandais a-t-il volontairement donné la mort à Arthur Noyer ?’, vous répondrez non », avait tonné Me Jakubowicz, à la fin de près de deux heures de plaidoirie.

Il a demandé aux jurés de se défaire de la « pollution » du « mythe » d’un tueur en série, du monstre, relevant qu’il est « tellement commode (…) de croire que Nordahl Lelandais n’est pas comme nous. »

Juger, « ça signifie oublier tout ce que vous avez lu, vu, entendu sur Nordahl Lelandais depuis plus de trois ans, dans le respect des principes fondamentaux du droit », avait abondé mardi matin la procureure générale Thérèse Brunisso dans son réquisitoire.

« Je considère que la gravité du meurtre commis par Nordahl Lelandais, ses actions périphériques, ses éléments de personnalité très défavorables justifient une peine de trente ans de réclusion, » avait-elle toutefois lancé.

Intention homicide

Pour le ministère public, pas de doute, l’intention homicide était présente cette nuit-là chez Nordahl Lelandais, même si, sans scène de crime ni corps de la victime, l’enquête n’a pas pu apporter d’éléments irréfutables.

Mais, « la violence extrême » des coups portés à Arthur Noyer – une scène qui a fait l’objet d’une reconstitution lors de l’enquête – « signe l’intention de tuer » de Nordahl Lelandais, avait souligné la magistrate.

En matinée, l’avocat de la famille Noyer Bernard Boulloud avait dénoncé un accusé « se terrant dans ses mensonges ».

« Il ne dira jamais, au grand jamais, la vérité sur les circonstances de la mort d’Arthur Noyer, juste pour sauver sa peau, juste par lâcheté », avait affirmé Me Boulloud, devant un large portrait de la victime posé aux côtés de ses parents, face au box depuis le début du procès.

« Je présente mes plus sincères excuses, à vous la famille Noyer, à vous la famille Maltet (la mère) et à vous, Arthur », avait déclaré l’accusé regardant en direction des proches de la victime à l’issue des débats de mardi, juste avant que le jury ne parte délibérer vers 16 h 30. « Le pardon n’est pas une formule magique pour moi. Il est vraiment nécessaire », a-t-il poursuivi, répétant qu’il n’avait « jamais voulu donner la mort » au chasseur alpin de 23 ans.

Le procès a connu ses moments d’émotion, notamment quand, à son troisième jour, Didier Noyer, le père de la victime, était allé à la rencontre de la famille de Nordahl Lelandais, enlaçant la mère de l’homme qui a tué son fils.

AFP/LQ