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De « Grey’s Anatomy » à « This Is Us », le Covid s’installe dans les séries


"Connectés", mélange de thriller et de comédie sur un apéro virtuel qui dégénère. (capture YouTube)

Personnages sur le front, masqués, confinés… De « Grey’s Anatomy » à « This Is Us », le Covid-19 et ses conséquences sur la vie quotidienne s’installent dans les fictions, en particulier les séries américaines, très réactives.

En tenue de cosmonaute mais toujours glamour, les chirurgiens de Grey’s Anatomy reprendront du service jeudi avec le lancement aux États-Unis de la 17e saison, retardée à cause de la crise sanitaire, mais plongée au cœur du sujet à la faveur d’un saut narratif. Impossible pour la série médicale à la longévité record « d’ignorer la plus grande histoire médicale du siècle », avait résumé cet été sa productrice exécutive, Krista Vernoff, invoquant une responsabilité à l’égard des soignants, dans un podcast du Hollywood reporter.

Pour les showrunners de Chicago Med aussi, évoquer le contexte sanitaire relevait de l’évidence. « Ne pas le faire n’aurait pas été réaliste », ont expliqué Diane Frolov et Andrew Schneider. Le premier épisode de la saison 6, lancée mercredi, traitera abondamment de la « lassitude » suscitée par le Covid, maintenu par la suite en toile de fond, notamment via les « nouveaux protocoles mis en place pour protéger les patients et les soignants du virus ».

Sans surprise, d’autres programmes médicaux (The Good Doctor, The Resident…) se sont frottés, ou vont le faire, à la pandémie, mais ses impacts économiques et sociétaux infusent au-delà du genre.

Un peu d’humour

Dans la série dramatique This Is Us, qui vient d’entamer sa 5e saison, la famille Pearson porte des masques, s’embrasse à distance ou subit le report d’un essai clinique pour une autre terrible maladie… Et dans The Conners, suite de la sitcom Roseanne, c’est le « prisme économique » qui est privilégié pour suivre une famille ouvrière « qui galère toujours financièrement et vit la plupart du temps sans filet de sécurité », souligne son coproducteur exécutif et coauteur Dave Caplan. Ainsi, toute la famille revient vivre sous le même toit, pour lequel le père reçoit un avis d’expulsion, sa belle-sœur tentant quant à elle de sauver son restaurant en s’improvisant livreuse à vélo.

« Cela nous a semblé naturel d’intégrer le Covid » dans la vie de personnages qui « avaient démarré des entreprises, essayaient désespérément d’avancer dans leur carrière » avant que le virus n’interrompe tout cela, explique Dave Caplan. L’équipe a aussi choisi, fait rare, d’intégrer le point de vue d’Américains réticents à se plier à la science et aux restrictions sanitaires. « C’est quelque chose qui existe réellement dans notre pays », fait valoir Dave Caplan. « Donc c’est restitué dans notre série ».

La pandémie, relève le coproducteur et coscénariste des Conners Bruce Helford, a aussi créé des « situations inédites » et l’occasion de glisser des traits d’humour à partir de ces éléments nouveaux.

Apéros visio et confinement

En France, l’exercice s’avère pour l’heure moins rodé qu’à Hollywood, même si la série romantique Plan coeur (Netflix) a consacré un épisode spécial au confinement cet été.

Le feuilleton quotidien de France 2, Un si grand soleil a lui survolé cette période, pour aborder ses retombées : infirmière mal payée, son héroïne, Claire, se met à cambrioler des riches avec l’employée d’un supermarché qui comme elle a « bossé comme une dingue », relate le scénariste Olivier Szulzynger. S’il entend limiter les allusions au Covid pour garantir aux téléspectateurs « une respiration dans une actualité » morose, d’autres abordent frontalement la crise.

Tournée pendant le confinement, Social Distance (Netflix), coproduite par Jenji Kohan (Orange is the new black), explore en huit épisodes et autant d’histoires le maintien des liens sociaux via les écrans et applications, tandis que le film Costal Elites (HBO) met en scène cinq personnages se racontant face à leur webcam.

Du côté de l’Hexagone, Dany Boon prépare, pour Netflix encore, une comédie centrée sur le confinement dans un immeuble parisien.

Et Amazon dévoilera jeudi Connectés, mélange de thriller et de comédie sur un apéro virtuel qui dégénère. Un film « plus que jamais d’actualité » en plein reconfinement, fait valoir son réalisateur Romuald Boulanger, « convaincu qu’il faut raconter des histoires qui nous touchent directement ».

LQ/AFP