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Fortes amendes : la Turquie veut dominer les réseaux sociaux


Selon la nouvelle législation, les réseaux sociaux avec plus d'un million de connexions uniques par jour, comme Twitter et Facebook, doivent avoir un représentant en Turquie et obéir aux tribunaux demandant le retrait de certains contenus sous 48 heures (Photo d'illustration : AFP).

La Turquie a infligé mercredi une première série de fortes amendes aux principaux réseaux sociaux, dont Twitter, Facebook et Instagram, pour le non-respect d’une loi controversée qui renforce considérablement le pouvoir des autorités sur ces plateformes.

« Une amende de 10 millions de livres turques (près d’un million d’euros) a été infligée aux fournisseurs de réseaux sociaux, dont Facebook, Instagram, Twitter, Periscope, YouTube et TikTok, qui n’ont pas déclaré avoir désigné un représentant à la fin du délai légal », a annoncé sur Twitter Ömer Fatih Sayan, vice-ministre des Transports et de l’Infrastructure.

Une loi renforçant considérablement le contrôle des autorités sur les réseaux sociaux est entrée en vigueur en octobre Turquie.

Selon la nouvelle législation, les réseaux sociaux avec plus d’un million de connexions uniques par jour, comme Twitter et Facebook, doivent avoir un représentant en Turquie et obéir aux tribunaux demandant le retrait de certains contenus sous 48 heures.

En cas de non-respect de ces obligations, les plateformes risquent des amendes pouvant aller jusqu’à 30 millions de livres turques (près de trois millions d’euros), une interdiction d’avoir des revenus publicitaires et une forte réduction de leur bande passante.

Malgré la menace des sanctions, la quasi-totalité des géants des réseaux sociaux ont, jusqu’à présent, refusé de se plier aux mesures prévues par la loi, considérant qu’elle pourrait ouvrir la voie à des demandes de censure.

Selon Yaman Akdeniz, professeur de droit à l’Université Bilgi d’Istanbul, seule la plateforme russe VKontakte aurait accepté de désigner un représentant en Turquie.

Surveillance par les autorités

Twitter et Facebook sont déjà étroitement surveillés par le gouvernement turc et de nombreux procès pour « insulte au chef de l’Etat » ou « propagande terroriste » ont été intentés sur la base de simples tweets.

Twitter a été au cœur de la mobilisation lors de vastes manifestations antigouvernementales en 2013 et le président turc Recep Tayyip Erdogan a qualifié par le passé ce réseau social de « menace ».

En 2019, la Turquie a bloqué l’accès à 408.000 sites, 40.000 tweets, 10.000 vidéos YouTube et 6.200 partages sur Facebook, selon un rapport de l’Association de la liberté d’expression.

AFP