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Homophobie et pistage massif à Séoul après des nouveaux cas de Covid


La ville a obtenu une liste de 10 905 personnes qui ont fréquenté ce quartier branché grâce aux données des téléphones portables fournies par les opérateurs. (photo AFP)

Les autorités sud-coréennes ont annoncé mardi utiliser les données des téléphones portables pour retrouver les personnes ayant fréquenté les boîtes de nuit de Séoul où est apparu un foyer de contamination.

La Corée du Sud, considérée comme un modèle dans la lutte contre le coronavirus, connaît actuellement une hausse du nombre de cas de Covid-19 après l’apparition d’un foyer de contamination dans un quartier de la capitale connu pour sa vie nocturne, notamment dans plusieurs clubs fréquentés par la communauté homosexuelle.

Dans ce pays très conservateur, la plupart des clients de ces établissements hésiteraient à se manifester auprès des autorités qui ont pourtant garanti l’anonymat aux personnes se faisant dépister.

Des policiers aux trousses

Un total de 27 nouveaux cas a été recensé mardi en Corée du Sud, peuplée de 52 millions d’habitants, portant à 10 963 le nombre de personnes positives au coronavirus, selon les autorités. Mardi midi, 102 cas étaient liés au foyer de contamination situé à Itaewon, un des quartiers branchés de Séoul, selon les Centres coréens de contrôle et de prévention des maladies (KCDC), soit 16 de plus en 24 heures. La grande majorité d’entre-eux sont des hommes âgés de 20 à 30 ans.

La ville a obtenu une liste de 10 905 personnes qui ont fréquenté ce quartier grâce aux données des téléphones portables fournies par les opérateurs. Un SMS leur a été envoyé, les invitant à se faire tester, a-t-on précisé. Le siège de l’organisme sud-coréen chargé de la gestion des catastrophes a fait savoir que près de 2 000 personnes, qui auraient fréquenté ces clubs, étaient injoignables et que des milliers de policiers seraient déployés afin de les retrouver.

Plus de 7 000 personnes ayant fréquenté ce quartier au cours des deux dernières semaines ont été testées, a déclaré le maire qui, lundi, a annoncé que ceux qui tenteraient d’éviter les tests s’exposeraient à une amende de deux millions de won (1 500 euros). Le nombre de personnes se faisant tester a doublé après que Séoul a garanti la protection de la vie privée, a-t-il assuré.

Préjugés et discrimination « gênants »

Mardi, dans un centre médical d’Itaewon, des personnes portant un masque faisaient la queue pour être testés. Park Gyuri, une ex-star de la K-pop, a reconnu avoir fréquenté l’un des clubs de ce quartier début mai et a présenté ses excuses pour ne pas de ne pas avoir respecté les règles de distanciation sociale. Testée négative au nouveau coronavirus, elle a été placée à l’isolement, a déclaré son agence dans un communiqué.

L’homosexualité n’est pas illégale en Corée du Sud mais, selon les groupes de défense des droits des LGBT, les discriminations à leur encontre demeurent importantes. Le vice-directeur des KCDC a affirmé que « les préjugés et la discrimination » gênaient la prévention et a exhorté la population à ne pas réprouver les personnes porteuses du virus.

Cette hausse du nombre de contaminations intervient à un moment où le pays a assoupli les mesures de distanciation sociale en vigueur depuis mars. La Corée du Sud était fin février le deuxième pays le plus touché par le coronavirus, après la Chine. Mais les autorités étaient parvenues à maîtriser la situation. La réouverture des écoles, prévue pour cette semaine, y a été reportée.

LQ/AFP