Accueil | Sport national | [Football] Voici venu le temps de défendre son bifteck

[Football] Voici venu le temps de défendre son bifteck


Ken Corral et le Fola ont-ils sauté assez haut pour être élus champions du Luxembourg cette saison ? (photo : archives Editpress/Luis Mangorrinha)

La perspective presque inévitable désormais de l’arrêt définitif de la saison engendre bien des questions chez les clubs de BGL Ligue, qui défendent tous leurs intérêts à leur manière.

Differdange a suspendu définitivement tous ses entraînements! Fini l’entretien physique, Paolo Amodio ne demande même plus à ses gars d’aller courir pour maintenir un semblant de condition, puisque «il n’y aura plus rien, c’est fini. Je ne sens personne capable de reprendre une saison».

Les clubs qui ont déjà replié les gaules, on n’en a pas encore croisé d’autres dans notre tournée des popotes. Mais dirigeants et staffs sont passés à autre chose, clairement. À la défense de leurs intérêts et puisqu’ils ne peuvent plus le faire sur le terrain, il ne leur reste plus qu’à se débattre avec l’administratif et tenter de faire monter en mayonnaise le scénario qui les avantage le plus.

Des fois que la FLF se laisse séduire par l’une ou l’autre théorie avant de s’enfermer pour un conseil d’administration décisif et de prendre ses lourdes responsabilités… Et là c’est bien simple, tout le monde a le sien, de scénario.

On y découvre que la logique sportive prend bien des chemins pour asseoir sa légitimité et qu’ils sont rares, les dirigeants qui assument un abandon total dans la défense de leur bon droit au beau milieu de cette crise.

Une semaine qui s’annonce décisive

En milieu de semaine, Gérard Jeitz, président de Rumelange, nous avait dit, lui, que «même si c’est contre mon club, clairement, puisque cela veut dire qu’on ne montera pas, tant pis. Cela sous-entend des problèmes financiers, mais qui n’en aura pas ?» La voix de la sagesse? Non, la seule voix qui puisse se faire entendre, selon Bertrand Crasson, coach désabusé du F91, 5e de DN et donc potentiellement à la place du c… «On ne peut que se plier aux décisions que prendra la FLF, dit-il. Ce genre de choses se décident toujours un bon kilomètre au-dessus de nos têtes.»

Cela ne l’empêchera pas, comme les autres, d’y aller de son analyse. Parce que si l’on ne peut plus parler de jeu ces dernières semaines, au moins peut-on parler de football. Les deux ne sont pas forcément liés. On le découvre avant cette semaine qui pourrait être décisive avec une visioconférence de l’UEFA mardi, un conseil de la FLF mercredi, un comité exécutif de l’UEFA jeudi et… l’annonce définitive vendredi ? Parce que, après tout, personne ne sait encore rien et Bertrand Crasson, coach d’un F91 dans la panade, a sa façon bien à lui, toute en humour, de le rappeler : «Nous, on est en train de revenir… Enfin, on était en train de revenir. On doit parler au présent ou au passé, du coup ?» Aujourd’hui, Le Quotidien a choisi de parler au futur.

Julien Mollereau

Mondorf et Pétange, partisans de tout arrêter… comme si on était en décembre

L’un est barragiste d’extrême justesse, l’autre est descendu du podium à l’occasion de la 17e journée, la dernière que l’on ait disputée cette saison. Mondorf et Pétange, aux préoccupations opposées puisque l’un veut éviter la relégation mais n’est pas sûr d’y parvenir et l’autre veut jouer l’Europe mais n’est pas assuré de compter parmi les quatre élus, se rejoignent pourtant sur une théorie : selon eux, la logique sportive la plus pure voudrait que l’on retienne seulement la phase aller pour distribuer les titres et accessits.

Mais que fera-t-on donc des barragistes ?

Pour Mondorf, le souci est évident. Que va-t-on faire du barragiste ? Le sauver ? Le reléguer ? Ne pas voir la réflexion d’Arno Bonvini, son coach, comme une parade de diversion. Toutes les logiques se valent aujourd’hui. Voilà la sienne : «Jouer un barrage est aussi improbable que de continuer le championnat. Mais le plus correct serait de stopper et de juger sur la base d’un championnat à l’issue duquel tout le monde a rencontré tout le monde. À mi-chemin donc.»

«Cela a été ma première réflexion aussi, il y a quelques semaines, quand j’ai évoqué le problème avec mon président. Arrêter alors que tout le monde n’a pas eu le même calendrier, cela va créer des polémiques. Là, au moins, tout le monde aura joué tout le monde une fois», admet Yassine Benajiba, directeur sportif du Titus. Lui aussi peut être taxé d’arrière-pensées (comme tout le monde). Mi-décembre, Mondorf était dans le ventre mou et ne risquait rien. Mi-décembre, Pétange était leader et donc champion putatif. Mais une telle décision ferait sûrement grincer des dents à Rosport, où on était relégable à la trêve hivernale.

Reste à régler les positions européennes. «L’UEFA octroie quatre places, non ?, demande Benajiba. Donc on est européens, non ?» Puisque la Coupe délivre un sésame pour l’Europa League et qu’elle sera elle aussi annulée si la FLF met fin à la saison, alors le Titus prend le pari logique que le 4e (lui) sera repêché. C’est là où Bonvini et Benajiba divergent, car le premier a un scénario bis en poche qui ne ferait pas les affaires du Titus : «Annuler la saison et remettre tous les Européens de l’été dernier. Et tout ce qu’ils gagnent comme argent, on le divise par solidarité entre tous les clubs de DN.»

J. M.

Retrouvez l’intégralité des réactions des autres clubs dans notre édition papier des 18 et 19 avril ou sur epaper