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Sylvain Tesson, la grande odyssée


L'écrivain Sylvain Tesson retrace la route d'Ulysse avec un «regard de voyageur à la fois romantique et passionné». (Photo : DR)

Il brille au sommet des ventes de livres en France. On retrouve l’écrivain-randonneur en Méditerranée dans une minisérie télé sur un voilier, Dans le sillage d’Ulysse… Larguez les amarres !

Par la grâce de La Panthère des neiges, l’an passé, il a figuré à la première place des best-sellers en France. Devant le poids lourd de l’édition bleu-blanc-rouge, Guillaume Musso. À 47 ans, Sylvain Tesson est présenté, un peu trop facilement, comme un «écrivain-voyageur» (il préfère le qualificatif de «voyageur-randonneur»). C’est non pas à pied mais sur l’eau qu’il revient en ce printemps de confinement. Avec une série télé simplement titrée Dans le sillage d’Ulysse : un voyage sur un voilier en Méditerranée. En 2017, il avait embelli l’été d’une radio (France Inter) en plongeant dans L’Odyssée d’Homère. Mieux : il s’était réfugié dans une cabane pour lire les aventures d’Ulysse, un des grands personnages de la légende grecque antique.

En préambule – ou en note d’intention – celui qui a voyagé du côté de l’Himalaya ou encore de la Russie à moto en tandem annonce : «Le jeu est merveilleux. On circule dans un monde magique, on fait se superposer la mythologie au réel et nul qui aura lu L’Odyssée ne pourra regarder le monde de la même manière.» Et d’y aller d’un aveu : «Homère n’est pas du tout une passion de jeunesse. Cet auteur, je l’ai connu en classe de 6e, comme tout le monde, et je m’en suis très vite éloigné. En 2017, France Inter m’a demandé de choisir un texte pour des chroniques estivales. Cela a donné Un été avec Homère où j’évoque L’Iliade et L’Odyssée. L’année suivante, c’est devenu un livre et le réalisateur Christophe Raylat, qui est un ami depuis quinze ans, m’a demandé si j’étais partant pour cette série. J’ai tout de suite dit oui!» Et voilà Sylvain Tesson lancé dans une nouvelle aventure. Dans une grande odyssée. Parce que, dit-il, «L’Odyssée raconte la fatalité de l’homme perpétuellement avide de retourner à l’endroit qu’il brûlait de quitter.»

L’histoire commence donc à Troie. Mais il fallut résoudre un premier problème : en effet, dans le texte d’Homère, il n’est fait aucune référence géographique sur les escales et étapes d’Ulysse. «Nous nous sommes appuyés sur les travaux d’un grand helléniste, Victor Bérard, connu pour sa traduction en prose de L’Odyssée en 1924. C’est ce même Bérard qui a proposé une cartographie du parcours d’Ulysse en s’appuyant sur le texte d’Homère et aussi sur des travaux archéologiques et du folklore populaire. On a suivi cette « géopoétique ».»

«Tout a commencé ici, tout s’est fini ici»

La poésie est omniprésente, le réalisateur Christophe Raylat dit de Sylvain Tesson : «J’aime son regard de voyageur, à la fois romantique et engagé.» La poésie d’un livre vieux de 2 500 ans dont chaque chapitre invite à l’exploration de lieux mythologiques. La poésie qui chante une aventure intemporelle et propose encore et encore une évocation des grands mythes fondateurs de la civilisation occidentale. Au fil des eaux méditerranéennes, on croise des philosophes, des vulcanologues, des archéologues et aussi des habitants rencontrés au hasard des villes-étapes. Avec Dans le sillage d’Ulysse, Sylvain Tesson montre, avec culture et fantaisie, que poésie, histoire et géographie peuvent faire bon ménage…

«Tout a commencé ici. Tout s’est fini ici, raconte l’écrivain-randonneur. Les Grecs sont arrivés en bateau, ils voulaient prendre la ville de Troie, ils ont mis dix ans, c’est ce que raconte Homère dans L’Iliade. Puis ils sont tous repartis chez eux une fois que la ville a été pillée et saccagée. Tous sauf un. Il s’appelle Ulysse et il continue d’errer sur la Méditerranée…»

Se mettant dans le sillage d’Ulysse, Tesson a voulu comprendre pourquoi ce fut si long, pour cet Ulysse, de rentrer chez lui. Et il avoue cette sensation éprouvée sur le voilier, en ce début du XXIe siècle : «L’une des joies à bord est de s’apercevoir que rien n’a changé depuis deux millénaires et demi sous le soleil. La vie se joue toujours au même tempo. Les pêcheurs pêchent, les paysans s’inquiètent, la mer pétille. C’est cela que nous sommes partis chercher en hissant les voiles : ce qui demeure.» Et c’est ainsi qu’«Ulysse est toujours présent dans le paysage et dans le rapport des marins à la mer»…

Serge Bressan

Dans le sillage d’Ulysse, de Christophe Raylat.
À partir de lundi. www.arte.tv

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