La nuit de la mort brutale d’Ana Lopes, le portable de son ex-petit n’a pas bougé de place. Avant et après, oui. Les données GPS révèlent des déplacements que le prévenu n’a pas évoqués à la police.
Le 15 janvier 2017, en début de soirée, Marco B. a emprunté, dans Bonnevoie, le même chemin que la voiture d’Ana Lopes empruntera six heures plus tard.» C’est ce qui ressort des données GPS du portable du prévenu exposées, jeudi après-midi, au troisième jour du procès. Avec une précision étonnante, elles permettent de retracer son itinéraire quand il portait son téléphone sur lui. «C’est la première fois que je vois de telles données dans un dossier», remarquait ainsi la présidente de la 13e chambre criminelle. Et elle a vu défiler un paquet d’affaires ces dernières années.
Sur les captures d’écran projetées sur la grande télé dans la salle d’audience, on voit comment le dimanche 15 janvier 2017 Marco B. gare à 22 h 51 précises sa voiture à 300 m de son domicile. Jusqu’au lendemain matin 6 h 21, le portable ne bougera pas. Ce qui explique pourquoi il n’a pas répondu à l’appel de sa mère à 1 h 17 ni à son SMS à 3 h 07 cette fameuse nuit. Mais ce n’est pas pour autant que cela ne soulève pas de questions. «S’il avait oublié son portable dans la voiture, pourquoi, au plus tard à 3 h quand il prétend avoir promené les chiens, ne va-t-il pas le chercher?», constate la présidente.
L’itinéraire du portable reprend le 16 janvier au matin, soit quatre heures après que la voiture où se trouve Ana Lopes part en fumée dans la localité française de Roussy-le-Village. L’excursion de Marco B. derrière la frontière en début d’après-midi saute à l’œil. À 13 h 53, en passant par l’A3, il se trouve à hauteur d’Entrange. Le retour prendra 19 minutes de plus. Serait-il éventuellement passé à travers le bois de Kanfen, qui n’est pas loin du lieu du crime? C’est une hypothèse. Pour une raison technique, la police ne dispose que d’une seule donnée de géolocalisation en France. Quoi qu’il en soit, pour l’enquêteur de la police judiciaire, une chose est sûre : les données GPS sont en contradiction flagrante avec l’emploi du temps que Marco B. avait exposé à la police deux jours après la disparition d’Ana. Il avait notamment parlé d’un voyage en Allemagne pour récupérer des pièces de voiture pour son boulot. «Son histoire de voyage en France pour aller chercher un pot d’échappement est donc aussi remise en question…», souligne l’enquêteur.
La Mercedes Classe A, une fausse piste
Une partie de ces données GPS sont corroborées par la vidéosurveillance à Bonnevoie. C’est sur ces images que certains déplacements de la VW Golf violette de Marco B. avaient pu être retracés. Mais il ne s’agit pas du seul véhicule qui ait interpellé les enquêteurs. Aux heures de la disparition d’Ana Lopes, une Mercedes Classe A, qui avait emprunté un itinéraire similaire, avait également été captée sur les images. Elle avait été aperçue près du McDonald’s où Ana est passée et près de la station-service où elle avait ensuite garé sa voiture. Cette piste avait longtemps occupé l’enquête. À l’époque, quelque 350 véhicules de ce type circulaient au Grand-Duché. Le propriétaire dudit véhicule avait finalement pu être identifié mi-juillet. Mais tout lien avec la disparition d’Ana Lopes avait vite été écarté. Contrairement à Marco B. Voilà pourquoi il se trouve aujourd’hui sur le banc des prévenus.
Le procès se poursuit ce vendredi matin. Du moins, c’est l’information que nous avions, jeudi soir, à l’heure où nous écrivions ces lignes. Car les éventuelles mesures contre la propagation du coronavirus sont aussi dans toutes les bouches à la Cité judiciaire.
Fabienne Armborst
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