Un nouveau patient contaminé par le coronavirus est décédé en France, selon une source proche du dossier, portant à trois morts le bilan de l’épidémie qui inquiète la population et affecte de plus en plus vie quotidienne et activité économique.
L’Hexagone, qui compte au moins 130 cas de contamination depuis fin janvier, est devenu l’un des principaux foyers du nouveau virus en Europe, avec l’Italie (1 700 contaminations) et l’Allemagne (130). Le ministère français de la Santé n’a pas confirmé le troisième décès qui selon des sources concordantes est une octogénaire de Crépy-en-Valois (Oise) où travaillait l’enseignant de 60 ans décédé la semaine dernière. Le dernier bilan officiel, qui date de dimanche soir, est de 130 personnes infectées, 12 guéries, 2 morts et 116 hospitalisées, dont 9 dans un état grave. Les nouveaux chiffres sont attendus dans la soirée.
Face à cette situation, les mesures pour tenter de freiner la propagation se multiplient : écoles fermées dans les foyers de la maladie, voyages scolaires à l’étranger suspendus, rassemblements de plus de 5 000 personnes interdits en milieu fermés… L’objectif du gouvernement est de « ralentir pour empêcher, ou au moins retarder, la libre circulation du virus sur le territoire qui marquerait l’arrivée dans la phase 3, c’est-à-dire l’épidémie proprement dite de coronavirus en France », a souligné lundi le Premier ministre Édouard Philippe.
Tandis que la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye évoquait, sans précision, la possibilité d’un passage à des « coercitions collectives » pour freiner la propagation, le secrétaire d’État aux Transports Jean-Baptiste Djebbari a lui envisagé « dans une version un peu maximaliste » des « restrictions » dans les transports publics. Déjà certains secteurs subissent des effets de la propagation de la maladie, du tourisme au secteur manufacturier. Le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a ainsi estimé que l’impact sur la croissance française serait « beaucoup plus significatif » que ce qu’il prévoyait jusqu’à présent, à savoir 0,1 point.
Méfiance des citoyens
Emmanuel Macron a modifié son agenda en reportant deux déplacements cette semaine pour se « concentrer pleinement » sur la gestion de cette crise, selon l’Élysée, qui a précisé que le président ira cette semaine à la rencontre des personnels hospitaliers et de la population.
L’intensification de l’épidémie a également soulevé des craintes chez les personnels du Louvre, qui, s’estimant en danger, exercent depuis dimanche leur droit de retrait. Le musée le plus fréquenté au monde (9,6 millions de visiteurs l’an dernier) reste fermé jusqu’à nouvel ordre. Selon la CGT, les salariés ne comprennent pas pourquoi la principale mesure prise samedi par le gouvernement pour freiner la propagation du virus, à savoir l’interdiction de tous les rassemblements de plus de 5 000 personnes en milieu confiné, ne s’applique pas au musée. Réponse du ministère de la Santé : « la situation épidémiologique ne l’exige pas ». Le virus « se transmet par les personnes qui éternuent, qui se mouchent et qui vous serrent la main donc c’est vraiment du contact. Les activités en extérieur où vous êtes à deux mètres les uns des autres ne posent pas problème », a indiqué de son côté le directeur général de la Santé Jérôme Salomon, interrogé sur la fermeture éventuelle d’un parc d’attraction comme Disneyland.
Selon un sondage Ifop pour illicomed.com réalisée par internet du 27 au 28 février 2020 auprès d’un échantillon de 1 004 Français âgés de 18 ans et plus, cette situation inquiète deux-tiers des Français, soit davantage que d’autres épidémies comme la grippe A/H1N1 de 2009 ou Ebola, et la majorité pense que le gouvernement a caché des informations.
« C’est normal qu’il y ait des questions qui se posent, c’est normal qu’il y ait des formes d’angoisse », a commenté Édouard Philippe. « Il faut répondre de la façon la plus transparente possible ». Dans cette optique, le ministre de la Santé Olivier Véran a annoncé qu’il y aurait désormais plus d’un point presse quotidien.
LQ/AFP