Des députés de la majorité et de l’opposition réclament un nouveau scrutin après le vote controversé jeudi sur la réintégration de l’huile de palme aux biocarburants jusqu’en 2026, mais « à ce stade » le gouvernement ne prévoit pas vendredi de nouvelle délibération.
L’Assemblée nationale a voté jeudi le report à 2026 de l’exclusion de l’huile de palme de la liste des biocarburants, qui bénéficient d’un avantage fiscal. Cette mesure est favorable au groupe pétrolier Total pour sa nouvelle bioraffinerie de La Mède, près de Marseille, mais suscite l’indignation des associations écologistes.
« A ce stade, ce n’est pas prévu » de revoter sur cette mesure, a indiqué le ministère de l’Action et des Comptes publics. La commission des Finances de l’Assemblée doit se réunir à la mi-journée sur ce point, le rapporteur général Joël Giraud (LREM) ayant demandé une nouvelle délibération. Les députés avaient adopté l’an dernier la sortie de l’huile de palme des biocarburants à compter du 1er janvier 2020.
Mais jeudi, « l’amendement est passé en deux secondes » avec « avis défavorable du rapporteur général, favorable du gouvernement, sans aucun débat ! C’est une erreur à rattraper en deuxième lecture », estime la marcheuse Bénédicte Peyrol sur Twitter.
« On s’est fait niquer ! »
« Beaucoup ne savaient même pas de quoi il était question », assure une autre députée LREM. « On s’est fait niquer ! (…) Si le groupe me le demande, je réclamerai une deuxième délibération », réagissait auprès Joël Giraud dans la nuit de jeudi à vendredi. Le député LREM et candidat à la mairie de Paris Cédric Villani a déploré que la majorité envoie ainsi des « signaux contradictoires » sur le thème environnemental. Or, « c’est un devoir d’avoir une attitude claire et ferme face à ces enjeux écologiques majeurs », a-t-il exhorté.
L’amendement voté est cosigné par des élus MoDem, LREM et LR des Bouches-du-Rhône où est installée la raffinerie. Il n’a fait l’objet d’aucun débat en séance.
La raffinerie de La Mède, une des plus grandes d’Europe, a démarré début juillet, employant directement 250 personnes. Selon Total, elle doit traiter 650 000 tonnes d’huiles et graisses par an et s’approvisionner en huile de palme « durable et certifiée » à hauteur de 300 000 tonnes au maximum.
LQ/AFP