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Le retour de la cravate verte

La fièvre du référendum semble être quelque peu retombée, une semaine après le non massif sorti des urnes. Même si le rejet en bloc des propositions de la coalition pour offrir des réponses à des problèmes sociétaux mais aussi politiques a laissé indéniablement des traces, l’actualité continue de tourner sans cesse.

Dès mardi, on a ainsi pu assister, dans une séance plénière à la Chambre, à un scénario qui interpelle. Dans un premier temps, le Luxembourg a présenté ses excuses officielles à la communauté juive pour la contribution de l’État à la persécution des juifs pendant la Seconde Guerre mondiale. Quelques minutes plus tard, l’opposition est sortie de ses gonds pour déclarer que le référendum avait scindé le pays en deux, avec à la clé une «guerre civile», comme l’a interprété Alex Bodry (LSAP) lors de sa réplique à la salve lancée par le CSV. L’ordre du jour aurait pu être défini avec plus de sagesse. Car la baston verbale à laquelle se sont livrées opposition et majorité est venue ternir l’acte hautement symbolique acté juste avant.

Il est grand temps de retrouver l’esprit d’ouverture et de solidarité qui a permis la construction européenne. Dans ce contexte, le 30e anniversaire de l’accord de Schengen, qui a posé la base d’une Europe sans frontières, a servi de piqûre de rappel bienvenue. On oublie en effet trop souvent les avantages et facilités que l’ouverture des frontières entre les pays membres de l’UE a apportés.

Mais même à Schengen, samedi, le résultat du référendum n’était pas très loin. Jean-Claude Juncker, de retour au Luxembourg en tant que président de la Commission européenne, avait en effet ressorti de son armoire la cravate verte qu’il avait autour du cou le jour où son gouvernement a chuté. Depuis lors, il l’a ressortie à chaque fois qu’il voulait signaler à Xavier Bettel et son gouvernement qu’il n’avait ni oublié ni digéré son éviction. La plaie ne s’est visiblement pas encore refermée. Le CSV demeure pour sa part grippé et il reste ainsi encore un long chemin pour retrouver un débat plus serein et nécessaire pour avancer.

David Marques (dmarques@lequotidien.lu)