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Luxembourg – Goodbye Hamilius, l’ultime hommage


Graffeurs, rappeurs, danseurs, ambianceurs, ils ont tous laissé une trace au centre Hamilius. (Photo : Fabrizio Pizzolante)

Le centre Hamilius a connu son dernier battle, samedi, lors de l’hommage rendu par la scène hip-hop qui avait fait de ce lieu un repère, un symbole, une deuxième maison.

Interconnexion du centre-ville, la gare routière Hamilius a été supprimée. La Ville a décidé de modifier entièrement la place vieillissante. Pour cela, il faut tout détruire, même les vestiges de la culture hip-hop qui est née dans le sous-sol Aldringen à la fin des années 1980.

Luxembourg n’est pas réputé pour sa culture urbaine, a contrario des autres capitales européennes comme Londres, Amsterdam, Berlin ou encore Paris. Pourtant, cette culture urbaine est présente dans les rues de Luxembourg avec comme point de repère, le centre Hamilius, auquel de dignes adieux ont été faits, samedi.

C’est à la fin des années 1980 que la culture hip-hop a commencé à faire parler d’elle à travers les premiers danseurs de rue, qui avaient choisi le souterrain du centre Hamilius pour se produire et s’entraîner. «C’est surtout avec la danse que l’on a pu faire véhiculer les valeurs du mouvement hip-hop. La dance, le break se font naturellement dans la bonne humeur», souligne Rui Miroto, un ancien danseur qui a maintenant ouvert le Rebounce Shop, son propre magasin de vêtements. «Ce lieu a été synonyme d’espoir pour pas mal de gens.

Il y avait des mauvaises choses, comme la drogue. Mais à côté de ça, avec les gens qui se sont investis dans la culture hip-hop, qui ont fait vivre cet endroit, on a réussi à ouvrir la voie, à créer, et même à encadrer les plus jeunes au fil du temps», explique Alex Lopes, qui a, depuis, ouvert LX Dance School, son école de danse.

Ce dernier adieu au centre Hamilius – «mettre une dernière fois le bordel», pour reprendre les mots des rappeurs sur scène – était également l’occasion de faire cohabiter deux mondes à l’opposé, comme en témoigne Nicolas, qui travaille dans une banque et passe tous les jours par là pour se rendre à son travail. Lui aussi est venu faire un dernier adieu à la place : «Il faut sans doute le prendre avec un certain recul, mais ces jeunes qui traînaient sur Hamilius ne m’ont jamais inspiré la crainte. Au contraire, les regarder danser et s’exprimer à leur façon m’a toujours donné le sourire.»

Un soupçon de nostalgie et une grosse envie de faire vivre un lieu symbolique. Au vu du public, on s’aperçoit très vite que la place a traversé les années et a accueilli plusieurs générations de jeunes. «Aujourd’hui, c’est le rassemblement d’une grande famille», estime Faxon, rappeur portugais du groupe JMP. Looping, considéré comme le «papa» du hip-hop luxembourgeois, était aux commandes. Présent depuis 27 ans dans le paysage urbain du Grand-Duché, c’est lui qui est à la base de ce dernier adieu. Tout l’après-midi, il a fait défiler des groupes, des chanteurs et des danseurs. Il a attaché de l’importance à les faire s’exprimer sur ce que représente ce lieu.

«On a foutu le bordel»

Au micro, un artiste s’exprime : «On a traîné ici. C’était chez nous, on a foutu un bordel pas possible, on n’oubliera jamais cette place!»

«Looping», dans le milieu depuis 1988, a voulu, à l’occasion de «Goodbye Hamilius» réunir toute la «famille» qui a fait vivre la culture urbaine du pays, d’Esch-sur-Alzette à Ettelbruck en passant par tous les quartiers de la capitale. «Le but était de faire vivre une dernière fois l’endroit, de réunir tout le monde dans une bonne ambiance», confie «Looping» avant d’ajouter : «La culture hip-hop ne s’arrête pas pour autant, il y a des écoles de danse, les jeunes générations vont trouver de nouveaux lieux. Aujourd’hui, il y a des scènes pour eux, des collectifs…»

Si les plus anciens sont maintenant posés avec des responsabilités familiales, ils conseillent tout de même aux plus jeunes de moins «traîner» et d’aller un peu plus à l’école qu’ils ne l’ont fait.

 Jeremy Zabatta

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