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La revanche tardive

La volte-face du CSV sur la nouvelle Constitution n’a pas fini de créer des remous. Mardi dernier, le parti a menacé de ne pas voter la nouvelle mouture de la loi fondamentale si le texte, ardemment négocié pendant plus de 15 ans, n’était pas rouvert à une plus large consultation de la population. Des référendums doivent permettre de trancher de nouvelles questions, telles que la réforme du système électoral ou encore la fin du cumul des mandats.

Même si elle refuse de parler de chantage, la nouvelle direction du CSV risque de saboter un travail titanesque, pourtant mené pendant de longues années par son ancien député Paul-Henri Meyers. Ce qui interpelle, c’est que les interrogations sur un système électoral vétuste ou le besoin de mettre fin au cumul d’un mandat national et local ne sont pas nouvelles. Jusqu’à présent, une majorité de partis, le CSV en tête, se sont toujours dit opposés à tout changement.

Avec ses 21 sièges, le camp chrétien-social reste toutefois indispensable afin de dégager la majorité nécessaire des deux tiers à la Chambre pour faire adopter la Constitution. Les 31 sièges de la majorité ne sont, et de loin, pas suffisants. Les chances de voir les petits partis de l’opposition sauver la mise sont plutôt minces. Et de toute façon, les sept sièges occupés par l’ADR (3), déi Lénk (2) et le Parti pirate (2) ne permettront pas d’atteindre la barre des 40 voix.

Le CSV garde donc bien toutes les cartes en main. Lors de la législature écoulée, il avait déjà forcé le report d’un premier vote après les élections d’octobre 2018. À ce moment-là, tout le monde (ou presque) voyait le parti revenir au pouvoir. Le texte était pourtant acté et dès cet automne une large campagne de sensibilisation devait être lancée. Il y a fort à parier que sans le second renvoi du CSV dans l’opposition, l’agenda fixé dans le consensus aurait été respecté.

Même si l’implication plus étroite du citoyen est toujours à saluer, l’initiative du CSV arrive fort tard et laisse donc planer le doute d’une revanche tardive. Le risque de rester scotché à une loi fondamentale désuète est bien réel…

David Marques