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Les pompiers de Paris, sauveurs de Notre-Dame, à l’honneur


Quelque 600 pompiers avaient lutté toute la nuit pour éviter que Notre-Dame soit réduite en cendres. (photo AFP)

Les pompiers et toutes les personnes mobilisées pour sauver Notre-Dame sont à l’honneur jeudi, reçus par Emmanuel Macron avant un hommage à la mairie de Paris, trois jours après le gigantesque incendie de la cathédrale.

Mercredi, le Premier ministre Édouard Philippe a annoncé une série de mesures pour tenir « le défi immense » de reconstruire Notre-Dame en cinq ans lancé par le chef de l’État, avec un concours international d’architectes, un soutien fiscal aux dons et un projet de loi pour une souscription nationale. L’incendie qui a suscité une émotion mondiale et un afflux de dons inédit, 850 millions d’euros jeudi, a mobilisé 600 pompiers au total pendant une quinzaine d’heures lundi soir.

Avec tous « les services mobilisés », ils seront reçus jeudi à midi par Emmanuel Macron à l’Élysée, en présence d’Édouard Philippe, du ministre de l’Intérieur Christophe Castaner et de son secrétaire d’État Laurent Nunez, de Franck Riester (Culture) et de Florence Parly (Armées). Une cérémonie d’hommage à « celles et ceux qui ont contribué à sauver » Notre-Dame sera organisée quatre heures plus tard sur le parvis de l’Hôtel de Ville, à quelques centaines de mètres de la cathédrale.

Une soixantaine de pompiers restent au chevet de Notre-Dame pour éviter toute reprise de feu, et des poutres ont été acheminées pour aider à consolider certains points, pendant que les experts évaluent les besoins pour sécuriser totalement avant de reconstruire. En pleine Semaine sainte avant Pâques, une veillée sera organisée jeudi soir à la basilique du Sacré-Cœur qui restera ouverte toute la nuit. « Notre chère cathédrale est à genoux » mais elle « revivra », elle « se redressera ! », a lancé l’archevêque de Paris Mgr Aupetit mercredi soir lors d’une messe à Saint-Sulpice à laquelle des centaines de personnes, dont Brigitte Macron, ont assisté.

Une cathédrale de bois « éphémère » sera élevée sur le parvis de Notre-Dame tout le temps des travaux de reconstruction, a annoncé jeudi le recteur de la cathédrale, Mgr Patrick Chauvet. –

« Responsabilité historique »

Dès le lendemain de l’incendie, Emmanuel Macron a souhaité que ce joyau de l’art gothique, monument historique le plus visité d’Europe avec 12 millions de touristes en 2017, soit reconstruit dans les cinq ans. Un délai jugé « réalisable » par plusieurs participants à une réunion de ministres et personnalités mercredi autour du chef de l’État, même s’il est considéré comme trop court par certains experts extérieurs. « C’est un défi immense, une responsabilité historique, le chantier de notre génération et pour les générations qui nous succèderont », a estimé Édouard Philippe mercredi à l’issue d’un Conseil des ministres entièrement dédié à la reconstruction de Notre-Dame, pour laquelle toutes les cathédrales de France ont sonné à 18h50.

Concédant que le coût de ce chantier titanesque n’est pas connu, il a annoncé un projet de loi pour donner un « cadre légal » aux dons avec une déduction fiscale majorée pour ceux des particuliers inférieurs à 1 000 euros, ainsi qu’un concours international d’architectes. Macron souhaite qu’ « un geste architectural contemporain puisse être envisagé », selon l’Élysée. Le concours d’architectes doit « trancher la question de savoir s’il faut reconstruire une flèche, s’il faut la reconstruire dans les mêmes conditions, à l’identique » de celle imaginée par Eugène Viollet-le-Duc au 19e siècle, « ou s’il faut (…) se doter d’une nouvelle flèche adaptée aux techniques et enjeux de notre époque », a précisé Édouard Philippe. Mais reconstruire la cathédrale sans sa flèche serait « l’amputer », estime l’arrière-arrière petit-fils de l’architecte.

La piste accidentelle reste privilégiée

L’afflux de dons se tassait jeudi, atteignant tout de même les 850 millions d’euros, après une immense mobilisation à travers le monde, d’Apple et Disney à la Banque centrale européenne en passant par des milliers d’anonymes. Le groupe LVMH et la famille Arnault, première fortune de France, la famille Pinault, la famille Bettencourt-Meyers et le groupe L’Oréal, ainsi que le géant pétrolier Total ont à eux seuls versé 600 millions. Mais cette mobilisation éclair de milliardaires et de grands groupes a été critiquée par des responsables politiques et syndicaux ainsi que des gilets jaunes déplorant leur implication bien moindre contre « la misère sociale ». Face à la polémique, la famille Pinault a renoncé à sa réduction d’impôts.

Dans la cathédrale, scène de désolation : le toit, la charpente et la flèche effondrés forment des monceaux de débris calcinés. Les deux tours emblématiques de la façade ouest ont en revanche été épargnées, et le coq de la flèche a été retrouvé. La couronne d’épines et la tunique de Saint Louis, deux objets extrêmement importants pour les catholiques, ont pu être sauvées. « La piste accidentelle est toujours privilégiée », a précisé le parquet. Une trentaine d’ouvriers et d’employés chargés de la sécurité de l’édifice ont déjà été entendus.

LQ/AFP