Le film de François Ozon « Grâce à Dieu » sur la pédophilie dans l’Église, retraçant l’histoire de victimes dans l’affaire Barbarin, a été autorisé par la justice à sortir en salles comme prévu mercredi, ont annoncé lundi les avocats du père Preynat et du producteur du film.
La défense du père Preynat, prêtre lyonnais mis en examen pour agressions sexuelles et non jugé encore, avait assigné en référé François Ozon pour obtenir un report de la sortie de son film, primé samedi soir du Grand prix du jury à la Berlinale. « La décision très bien motivée reconnaît que le film – avec les avertissements qui l’accompagnent – ne justifient pas les mesures demandées qui menaçaient sa sortie. Nous nous en réjouissons », a indiqué Me Paul-Albert Iweins, l’un des deux avocats du producteur et du distributeur du film.
« Le juge a rejeté la demande de report du film », a confirmé Me Emmanuel Mercinier, avocat du père Preynat. « Il considère que le fait d’insérer un carton à la dernière seconde du film indiquant que le père Preynat bénéficie de la présomption d’innocence répond aux exigences de la loi, la culpabilité de ce denier n’étant dès lors pas présentée comme acquise », a-t-il ajouté.
Il a dit également « regretter amèrement cette décision, non seulement dans l’intérêt du père Preynat, mais plus largement dans l’intérêt général ». « Présenter durant deux heures comme coupable un homme qui n’a pas encore été jugé comme tel constitue une atteinte à la présomption d’innocence que ne saurait évidemment pas faire disparaître le fait d’écrire ensuite le contraire durant deux secondes », a-t-il dit.
Me Frédéric Doyez, avocat lyonnais du père Preynat, a précisé qu’ils allaient faire appel de la décision, mais que cela n’empêcherait pas le film de sortir. « C’est une question de principe », a fait valoir Me Doyez, jugeant que « c’est la porte ouverte au parasitage de l’action judiciaire » par des films.
A Lyon, une autre audience était prévue ce lundi concernant ce film : une ex-membre du diocèse de Lyon, Régine Maire, représentée sous son nom dans le film, a assigné François Ozon pour qu’il retire son nom du film. Le procès du cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon, et de cinq autres personnes pour non dénonciation d’agressions sexuelles pédophiles, s’est tenu en janvier. Le jugement est attendu le 7 mars.
LQ/AFP