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Trump fait machine arrière sur la séparation des familles à la frontière


Le sort des plus de 2 300 enfants et jeunes migrants qui ont été séparés de leurs parents reste incertain. (illustration AFP)

Dans un spectaculaire retournement, Donald Trump a mis fin aux séparations des familles de migrants arrivées illégalement aux États-Unis, qui ont provoqué une vague d’indignation mondiale et un profond malaise au sein de son parti.

L’incertitude demeurait cependant sur le sort des plus de 2 300 enfants et jeunes migrants qui ont été séparés de leurs parents depuis début mai après l’arrestation de ces derniers à la frontière avec le Mexique. « Cela me tient particulièrement à cœur (…). Nous n’aimons pas voir des familles séparées », a affirmé le président américain dans le Bureau ovale en signant le décret mettant fin aux séparations systématiques. Le texte stipule que des poursuites pénales continueront à être engagées contre ceux qui traversent la frontière illégalement, mais que parents et enfants seront détenus ensemble dans l’attente de l’examen de leur dossier.

« Nous allons garder les familles ensemble mais la fermeté aux frontières restera la même », a lancé Donald Trump dans la soirée lors d’un meeting de campagne à Duluth, dans le Minnesota. Cette volte-face a créé la surprise à Washington et à travers le pays : depuis plusieurs jours, la Maison Blanche répétait qu’elle ne faisait qu’appliquer la loi et que seule une modification de cette dernière par le Congrès permettrait de mettre fin aux séparations si critiquées. Nombre d’élus et d’organisations de défense des droits de l’homme ont dénoncé le cynisme du locataire de la Maison Blanche.

« Le président s’accorde le mérite d’avoir héroïquement résolu la crise scandaleuse créée de toutes pièces par sa propre politique », a ironisé David Axelrod, ancien conseiller de Barack Obama. L’association de défense des droits civiques ACLU a déploré que cette crise ait causé « des dégâts irréparables pour des milliers de familles de migrants ». Elle a par ailleurs jugé que le décret allait remplacer une crise par une autre: « Les enfants n’ont pas leur place en prison », a-t-elle martelé. Griffin, pédiatre qui s’occupe depuis dix ans des enfants retenus à la frontière entre le Texas et l’État mexicain de Chihuahua, a raconté le désespoir des enfants séparés. « Les enfants tendaient les mains à travers la clôture métallique, pleurant et tentant d’atteindre leur mère », a-t-elle relaté. « C’était horrible (..), des tout petits et des bébés sont enfermés dans ces centres ».

Melania et Ivanka l’ont influencé

Trump, qui a une nouvelle fois appelé le Congrès à se saisir du dossier de l’immigration, a reconnu que sa femme Melania et sa fille Ivanka avaient pesé sur cette décision, soulignant que le sujet leur tenait particulièrement à cœur. « Merci président d’avoir pris cette décision cruciale pour mettre fin aux séparations des familles à la frontière », a tweeté Ivanka Trump quelques minutes après la signature.

En signant son décret, le milliardaire républicain ôte l’ « urgence » avec laquelle les parlementaires sentaient encore ce matin qu’ils devaient agir, a reconnu le sénateur républicain Marco Rubio, tout en poussant pour qu’une loi soit tout de même approuvée afin de graver dans le marbre législatif la volonté de ne pas séparer les familles. Le parcours parlementaire s’annonce toutefois ardu malgré la majorité républicaine au Congrès. Dans une certaine confusion, le chef de file des républicains à la Chambre des représentants, Paul Ryan, avait annoncé quelques heures plus tôt qu’il soumettrait au vote jeudi un projet de loi afin d’empêcher ces séparations.

Mais il n’est pas encore certain qu’il parvienne à rallier toutes ses troupes autour d’un texte qui devrait inclure également d’autres volets sur l’immigration crispant ses ailes dure comme modérée (statut des « Dreamers », nette réduction de l’immigration légale). Les démocrates, eux, ont déjà dit qu’ils ne voteraient pas pour cette loi. Et même si elle passe la Chambre basse, son approbation est largement compromise au Sénat, où les républicains disposent d’une très faible marge (51-49).

Le Quotidien/AFP