« Who’s Happy? » Heureux, le chanteur Hugh Coltman et le guitariste Freddy Koella, ex-musicien de Bob Dylan, le sont à coup sûr avec un disque en commun marqué par leur amour du blues et l’empreinte de la Nouvelle-Orléans où il a été enregistré.
« C’est peut-être le meilleur truc que j’ai fait. Esthétiquement parlant, je suis super satisfait », affirme Freddy Koella à propos d’une aventure qui se poursuivra sur scène, à Paris (Bataclan/12 avril), au Printemps de Bourges (27), à Istanbul et à Berlin en mai, ou encore à Jazz in Marciac fin juillet.
Hugh Coltman peut savourer le compliment venant de la part d’un tel musicien. Originaire de Mulhouse, Freddy Koella, parti en Amérique au début des années 80, est devenu le guitariste attitré de Willy Deville, Zachary Richard, puis Bob Dylan, et a collaboré avec bien d’autres artistes (Dr John, Johnny Adams, K.D. Lang).
Au départ, celui qui est revenu récemment vivre en France n’était pourtant pas emballé à l’idée d’aller à New Orleans, où il a vécu plusieurs années. « Quand Hugh m’a dit +je veux aller à la Nouvelle-Orléans, j’ai pas répondu « Oh putain, génial ! » Non. Je lui ai dit « t’es sûr ? Ca va pas être simple ». Il a dû insister un petit peu. »
Les deux hommes se connaissent depuis que Koella a travaillé sur le précédent disque de Coltman, « Shadows », un hommage à Nat King Cole.
Hugh Coltman le reconnaît: à « NoLa », « c’était trois fois plus compliqué que si j’avais fait l’album en France. Je connais ici plein de musiciens qui auraient été largement capables de le faire ».
Mais cet Anglais, venu vivre à Paris en 1999 à l’âge de 27 ans après avoir plaqué The Hoax, un groupe de blues-rock, voulait absolument réaliser son rêve.
« Main dans la main »
« En composant, j’avais ces sons d’Ellington, Clarence Henry, Kid Ory, ce truc un peu des îles mais en même temps très américain, tout en étant ancré dans le blues. Et je me suis dit: +pour une fois je vais suivre mon truc à fond, je vais aller là-bas+ », raconte-t-il.
Sébastien Vidal (directeur d’antenne sur TSF Jazz) lui donne un coup de main en le mettant en relation avec des musiciens de la ville. Coltman, chanteur à la solide réputation dans le microcosme du jazz et du blues, part en éclaireur en avril 2017 à « Crescent City ». Puis y retourne en juin, pour enregistrer.
« Revoir tous ces gens avec qui j’avais bossé, c’était incroyable. Oh la vache ! », s’exclame Freddy Koella. Coréalisateur d’un disque « fait main dans la main, sans jamais se prendre le bec », le guitariste a permis à Coltman d’éviter certains clichés.
« Torkanowski (organiste), Matt Perrine (arrangeur des cuivres), James Singleton, Rick Tolsen… Je revois ces types, dans le studio. Et on fait de la boooonne musique ! », se régale-t-il.
L’ambiance très « cool » transpire sur l’album, enregistré dans une ancienne église baptiste de Treme, un quartier historique de New Orleans.
« Cet album me fait penser au Buena Vista Social Club. Il y avait une résonance dans ce studio qui me rappelle cet enregistrement », souligne Freddy Koella, dont Ry Cooder est LA référence.
Sur des musiques ragtime, soul, mambo, jazz, rock’n roll, rock vaudou, gospel, hantées par les fantômes de Clarence Williams, Fats Domino, Bill Withers, Charles Sheffield ou Al Green, Hugh Coltman chante sa prose.
Son père atteint d’Alzheimer, son « fiston « William », une amie chère sombrant petit à petit dans l’alcoolisme, l’Amérique d’aujourd’hui, sont des thèmes qu’il aborde avec sa voix légèrement voilée évoquant à plusieurs reprises celle de Sting, parfois plus rauque.
« C’est l’esprit de la personne qui sort. Moi, j’adhère », se réjouit Freddy Koella.
Le Quotidien / AFP