Le prince Laurent de Belgique, frère cadet du roi Philippe, va perdre cette année 15% de sa dotation d’Etat pour avoir rencontré des dignitaires étrangers sans l’accord préalable du gouvernement, une mesure inédite dans le royaume.
La sanction, proposée l’an dernier par le Premier ministre Charles Michel, a été votée dans la nuit de jeudi à vendredi par les députés, ce qui la rend applicable. Son adoption – par 93 voix pour et 23 contre – n’est pas une surprise mais marque un précédent en Belgique.
C’est la première fois qu’est appliquée une loi de 2013 sur les indemnités octroyées à des membres de la famille royale prévoyant la possibilité d' »une retenue sur la dotation » en cas de non respect de certaines règles.
Dans un tweet en juillet 2017, le prince Laurent, âgé de 54 ans, connu pour son comportement fantasque, avait publié une photo de lui en costume militaire, prise lors d’une cérémonie à l’ambassade de Chine à Bruxelles, à l’occasion du 90e anniversaire de la fondation de l’armée populaire chinoise. Or, aux termes de cette loi du 27 novembre 2013, toute rencontre officielle d’un membre de la famille royale avec des dignitaires étrangers est soumise à l’autorisation préalable du gouvernement.
« Le prix d’une vie, le prix de ma vie »
Et le prince s’était déjà vu reprocher des écarts du même type, concernant des contacts diplomatiques en Libye ou pour une visite non autorisée en RDC en 2011.
Le texte de la loi stipule qu' »il est alloué, à charge du Trésor public, une dotation annuelle de 307 000 euros à Son Altesse Royale le Prince Laurent ». L’amputation de 15% représente donc une perte de quelque 46.000 euros.
Dans un courrier transmis jeudi après-midi à la Chambre via son avocat, le prince Laurent avait tenté de susciter l’empathie des députés en fustigeant une sanction « susceptible de (lui) causer un préjudice grave et difficilement réparable ». Se plaignant de l’impossibilité de travailler, de par son titre, le frère du roi a souligné que « les trois quarts de la dotation constituent des frais de fonctionnement soumis à un contrôle strict de la Cour des comptes ». « Cette dotation, que l’on parle de réduire ou supprimer au gré des vents politiques ou médiatiques, est le prix d’une vie, le prix de ma vie, qui est largement derrière moi aujourd’hui », a-t-il aussi écrit, selon une copie de la lettre publiée dans les médias.
Le Quotidien/AFP