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Nos dirigeants, simples VRP

Ah Davos, cette très chic station de sports d’hiver suisse et son fameux Forum économique mondial (WEF), qui réunit chaque année «l’élite économique et financière» de la planète. Le Forum de Davos est très utile pour juger de l’évolution du rapport de force entre pouvoir économique et pouvoir politique et celui qui s’est tenu la semaine dernière n’a pas dérogé à la règle. Le constat est accablant : celui d’une soumission totale des détenteurs de la souveraineté populaire, représentant les intérêts de milliards de personnes, aux fameux «1%» qui représentent les intérêts de… personne si ce n’est d’eux-mêmes.

Les dirigeants politiques ont donc défilé un à un à la tribune pour prêter allégeance de manière quasi caricaturale aux véritables leaders du monde. Même Donald Trump, que l’on présentait comme l’éléphant débarquant dans un magasin de porcelaine, s’est fait tout miel, tenant un discours des plus tempérés.

Car le président américain a fait comme tous les autres, il a vendu la marque «États-Unis» en vantant ses baisses d’impôts sur les entreprises comme Emmanuel Macron a vendu la marque bleu-blanc-rouge avec son «France is back».

C’est bien ce qui est triste avec Davos, les dirigeants politiques ne sont pas des femmes et des hommes qui portent un projet de société, défendent une vision du monde et qui ont comme ambition de transformer le réel. Non, à Davos, ces femmes et ces hommes ne sont plus que de simples vendeurs qui espèrent que de riches clients voudront bien acheter leur produit. Les inégalités croissantes qui deviennent la plus grande menace pour la paix civile et la démocratie dans de nombreux pays? On a droit à quelques dénonciations d’usage, totalement creuses. L’évasion fiscale qui ruine les États et les rendent dépendants du pouvoir financier? Même topo, aucune menace de sanction ni de fermeture de marché à une multinationale récalcitrante à payer ses impôts.

Le «Forum» de Davos porte mal son nom. Selon le dictionnaire, un forum est «un lieu où se discutent les affaires publiques». Mais à Davos on ne discute pas, on se soumet.

Nicolas Klein