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Assassinat à Montigny-lès-Metz: la famille attaque l’Etat


Le drame s’est déroulé le 12 juin dernier, à Montigny-lès-Metz : François Pifflinger, 81 ans, mourait sous les coups de couteau de son gendre, Alain Rosini. (Photo archives RL/Gilles Wirtz)

François Pifflinger est mort le 12 juin à Montigny-lès-Metz, sous la lame de son gendre, Alain Rosini. Un homme qui le haïssait et se disait capable de tuer. La famille Pifflinger assigne l’Etat, qui n’aurait pas su « protéger » la victime.

Ce n’est pas un accident. « C’était écrit… » Ce n’est pas non plus un geste de désespoir. « Il ne cessait de rôder… » Le 12 juin 2017 sonne comme l’acte final « de la chronique d’une mort annoncée », ose Me Xavier Iochum, défenseur d’une partie de la famille Pifflinger.

Le 12 juin donc, Alain Rosini, 65 ans, entre chez son beau-père, à Montigny-lès-Metz. Il est armé d’un couteau. Une petite-fille du chef d’entreprise pressent le danger, mais ne parvient pas à s’opposer à la furie qui déboule. Alain Rosini monte les marches de l’escalier trois par trois. Et se jette sur François Pifflinger, 81 ans, à qui il voue une haine tenace. Malgré son solide gabarit, le vieil homme ne peut se protéger des coups portés. Une trentaine au total. Mis en examen pour assassinat, Alain Rosini dort aujourd’hui en prison.

Enfants et petits-enfants de François Pifflinger, ancien chef de l’entreprise de couverture éponyme, sont convaincus que cette mort aurait pu être évitée. C’est le sens de leur procédure et de l’assignation de l’État pour faute lourde. « Ce passage à l’acte était revendiqué depuis avril et mai 2016 », assure Me Nadège Nehlig, avocate d’une fille de l’octogénaire. Alain Rosini venait alors d’être condamné pour des violences sur une belle-sœur. Condamné à huit mois de prison avec sursis, il doit se soigner et a interdiction d’entrer en contact avec plusieurs membres de la famille. Il ne fera ni l’un ni l’autre. Un expert psychiatre met pourtant des mots sur la dangerosité de l’homme. Dans la procédure, Alain Rosini ne dissimule rien : « Avez-vous menacé M. Pifflinger de le tuer ?, demande un enquêteur.
– Jamais en face mais je l’ai dit à ma femme, dit-il sans sourciller.
– Avez-vous l’intention de le tuer ?
– Peut-être, tout va dépendre de comment on m’emmerde, il faut qu’on me laisse tranquille.
– Seriez-vous capable de tuer quelqu’un ?
– Je m’en sens capable sous l’effet de la colère, pas de problème. »

Sorti libre du tribunal, l’homme continue de guetter, se montre dans la rue Simminger, à Montigny-lès-Metz, où habitent les Pifflinger. Il attend François au cimetière, où le patriarche protecteur se rend régulièrement sur la tombe de son épouse. À la fin, l’octogénaire n’osait plus y aller…

« La justice n’applique pas ses décisions »
Alain Rosini n’a respecté aucune de ses obligations, sans que cela provoque de réaction de la justice. Un juge de l’application des peines n’a été saisi qu’en mars dernier, quand une fille de la victime a porté plainte à la police pour signaler, une nouvelle fois, sa présence autour du domicile de son père. « Cette réaction a été bien trop tardive. La procédure lancée a pour but de reconnaître que la justice a été défaillante. Non pas dans une procédure, mais dans l’application de son propre jugement, expose Me Iochum. Cette action ne met pas en cause tel ou tel acteur de la justice mais un fonctionnement institutionnel qui fait qu’aujourd’hui, l’État ne donne pas à la justice les moyens de mettre en œuvre efficacement ses propres décisions. Cela peut entraîner, on le voit ici, des conséquences dramatiques.»

Kevin Grethen
(Le Républicain lorrain)