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La folie « Game of Thrones » donne un coup de jeune à Santa Fe


La Maison du retour éternel, attraction touristique imaginée et fondée par le créateur de l'épopée "Game of Thrones" George R.R. Martin et le collectif Meow Wolf, en périphérie de Santa Fe, au Nouveau-Mexique (États-Unis), le 31 juillet 2017. (Photo : AFP)

Mi-Disney, mi-salle de jeux psychédéliques, la Maison du retour éternel ressemble à ce que Salvador Dali aurait pu imaginer si on lui avait confié la conception d’un jeu télévisé.

A première vue, c’est une maison victorienne ordinaire, mais à peine entrés, les visiteurs se retrouvent plongés dans un labyrinthe fantastique. «C’est de l’art interactif, immersif au possible», explique Vince Kadlubek, le co-fondateur et directeur général de Meow Wolf, le collectif artistique à l’origine du projet. Sur près de 2 000 mètres carrés, l’attraction située en périphérie de Santa Fe (sud-ouest des Etats-Unis) a été fondée par le créateur de l’épopée «Game of Thrones» George R.R. Martin, dans le cadre d’un investissement de plusieurs millions de dollars destiné à redonner un nouveau souffle à cette partie du Nouveau-Mexique.

Santa Fe, un «melting-pot» de culture hispanique et amérindienne Pueblo, connue pour sa communauté d’artistes – Georgia O’Keefe y a vécu à la fin de sa vie – a pris un coup de vieux ces dernières décennies. L’âge médian y est estimé à 42 ans et demi (presque trois ans de plus qu’en 2000 et cinq de plus que la moyenne nationale). Une résidente de 50 ans a confié être fatiguée de se retrouver toujours la plus jeune lorsqu’elle est invitée à une fête. Des travailleurs sociaux attribuent cet exode de la jeunesse au manque de logements à loyers modérés ou d’emplois non liés au tourisme. «Le tourisme a aussi commencé à souffrir parce que les nouveaux touristes – les quadragénaires, la génération X – ne voulaient pas venir à Santa Fe», explique à l’AFP Vince Kadlubek.

Mise en scène surréaliste

Pour lui, la Maison de l’éternel retour est arrivée au «bon moment, au bon endroit», l’écrivain R.R. Martin s’impliquant de plus en plus, dans la ville où il vit depuis près de 40 ans, au fur et à mesure que la série d’HBO «Game of Thrones», adaptation de ses romans fantastiques, connaissait un succès exponentiel. Les visiteurs pénètrent dans ce qui ressemble à une maison de deux étages en quarantaine – sensée se situer à Mendocino en Californie – mais se rendent compte rapidement que les apparences sont trompeuses.

L’installation interactive s’appuie sur l’histoire mystérieuse des Steligs, une famille fictive qui aurait vécu et disparu de la maison à la suite d’une faille spacio-temporelle. Les visiteurs déambulent librement pour trouver des indices et comprendre ce qui s’est passé à travers les lettres de la famille, des listes de courses ou un journal intime, en lisant des documents informatiques, des notes sur le réfrigérateur, etc. Mais ouvrez le frigo et vous vous retrouvez dans un corridor lumineux qui mène à une agence de voyage intergalactique avec des portes coulissantes de vaisseau spatial.

Rampez à travers la cheminée et vous voilà dans un réseau de sous-terrains magiques, où trône un squelette de mammouth de trois mètres sur lequel on peut jouer du xylophone. Plongez dans le séchoir à linge et vous découvrez plus de 70 chambres connectées contenant toutes sortes d’éléments psychédéliques, abstraits et un peu effrayants tirés de la pop-culture japonaise, des dessins animés «Calvin and Hobbes» et même Walt Disney lui-même. «C’est un puzzle, c’est juste pour s’amuser. Les enfants et les adultes aiment. C’est une expérience unique», assure Gail Machov, venue du Minnesota (nord), à la sortie de l’attraction.

Faire mieux que Disney

George R. R. Martin, 68 ans et préoccupé par le vieillissement démographique de sa ville, avait déjà racheté en 2013 le cinéma Jean Cocteau, qui compte une seule salle de 128 sièges et était vacant depuis 7 ans. L’auteur de la saga médiévo-fantastique l’a ressuscité, y projetant les toutes dernières sorties cinématographiques mais aussi invitant des stars de «Game of Thrones» pour des premières. Il a aussi converti un lycée désaffecté en studios d’artistes.

En 2014, Kadlubek a contacté l’écrivain culte, pour qui il avait brièvement travaillé au Jean Cocteau, afin de lui proposer une «installation intéractive et multimédia», après avoir découvert un bowling abandonné dans une zone industrielle. Sa curiosité attisée, l’auteur vedette a déboursé 3 millions de dollars pour racheter et rénover le bâtiment, ensuite transformé pendant 18 mois par le collectif Meow Wolf, avec l’ambition d’attirer 100 000 visiteurs en une année. Un but atteint dans les deux mois suivant l’inauguration en mars 2016.

Le collectif veut à présent réitérer ce carton à Denver, Las Vegas, Houston et Austin. «On veut faire mieux que Disneyland, mieux qu’Universal» et que ça devienne «l’attraction la plus incroyable du monde».

Le Quotidien/AFP

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