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Harcèlement moral : l’ancienne directrice de Lorraine Airport sera jugée


Pour l'avocat des plaignantes, c'est "une première reconnaissance du statut de victime pour mes clientes". (illustration Robert Spirinelli)

Les plaintes pour harcèlement moral déposées en octobre ne sont pas restées lettre morte. Françoise Herment-Léonard sera jugée en décembre. On lui reproche son management à la tête de l’aéroport lorrain.

Longtemps, les décideurs et élus lorrains ont fermé les yeux. Les dénonciations des syndicats et les appels au secours d’une partie du personnel de Lorraine Airport ? «Du chantage» pour certains. Une «cabale» pour d’autres. Le parquet de Metz met un autre terme sur les méthodes de management de l’ancienne directrice, en poste entre 2012 et 2017 : «harcèlement moral».

Françoise Herment-Léonard est renvoyée devant le tribunal correctionnel de Metz. Le ministère public n’a pas traîné après avoir reçu les plaintes de trois anciennes collaboratrices en octobre dernier. Cette promptitude, pour un dossier de ce genre, raconte beaucoup de choses sur la gravité de la situation.

Ces plaintes pénales étaient tombées dans un contexte d’extrêmes tensions sociales. La multiplication des arrêts maladie était un premier signe de malaise. Un rapport de l’inspection du travail révélé en janvier a mis des mots sur les maux. Il est accablant : «Vous avez fait subir à des salariés, au cours de la période allant du 1er mai 2012 au mois d’octobre 2016, des agissements répétés, écrit l’inspectrice, tels qu’une hausse des tâches et des objectifs, des injonctions paradoxales ou confuses, un dénigrement du travail, des propos désobligeants, dévalorisants ou humiliants, tenus publiquement ou non, des reproches injustifiés, des comportements vexatoires ou humiliants, des menaces et pressions, des propos ou actes (plaisanteries douteuses) à caractère discriminatoire, une surveillance des correspondances électroniques, un isolement et une placardisation ainsi qu’une modification unilatérale des fonctions.»

Elle conteste

Les victimes se retrouvent dans ce sombre tableau. Le renvoi en correctionnelle de Françoise Herment, qui a été démise de ses fonctions en janvier dernier, est «une première reconnaissance du statut de victime pour mes clientes. C’est un pas important, réagit leur avocat Me Mehdi Adjemi. C’est une satisfaction pour elles de constater que le parquet partage le même regard sur cette affaire. Mais c’est aussi la crainte de croiser le regard de leur ancienne directrice.»

L’audience aura lieu le 14 décembre 2017. Les développements du dossier n’effritent pas les certitudes de l’ancienne directrice. Contacté mardi, son avocat, Me Guy Reiss, confirme que «madame Herment conteste formellement les faits de harcèlement moral. Elle apportera tous les éléments utiles et nécessaires afin d’obtenir sa relaxe.»

Kevin Grethen (Le Républicain Lorrain)