« J’ai un message pour tout le monde : n’ayez pas peur ! », dit Scarlet, neuf ans. Il y a deux semaines, elle a vécu l’horreur au concert d’Ariana Grande. Dimanche, elle est retournée applaudir son idole lors d’un show géant en hommage aux victimes de l’attentat.
Avec sa mère, sa tante et sa cousine, la petite fille était à la Manchester Arena le 22 mai lorsqu’un kamikaze s’est fait exploser à la sortie du concert de la pop-star américaine, faisant 22 morts, dont sept mineurs, et plus de cent blessés.
Toutes les quatre sont revenues dimanche pour vivre ce concert commémoratif au milieu de 50.000 autres personnes, pour « reprendre confiance » en la vie et « revoir du monde » aussi, explique sa mère, Rachel Jea, 32 ans. « On avait le choix entre venir ici ou rester terrées, dans la peur, à la maison. Nos grand-parents ont surmonté deux guerres mondiales pour que nous puissions vivre en paix et voilà que ça recommence », ajoute-t-elle, évoquant l’attentat de Londres qui a fait sept morts samedi soir dans la capitale.
« Je veux dire à tout le monde : n’ayez pas peur ! », lance alors la petite Scarlet avec force, ajoutant en prenant son air le plus sérieux : « Ce concert est bien pour Ariana aussi car ce n’est pas de sa faute ce qui s’est passé ».
Une pléiade de stars
Justin Bieber, Katy Perry, Coldplay, Robbie Williams, Pharrell Williams, Miley Cyrus, Take That, Usher, les Black Eyed Peas, Little Mix ou encore Niall Horan du groupe One Direction : une pléiade de stars a fait le déplacement pour ce concert baptisé « One love Manchester » diffusé sur la BBC, MTV, Apple, YouTube et Twitter, et dont les recettes seront entièrement reversées aux victimes.
Chris Martin et Ariana Grande chantent « Don’t look back in anger », titre d’Oasis :
Une minute de silence à la mémoire des victimes a été observée avant l’entrée en scène des artistes. « Manchester, faites résonner votre esprit de résistance dans le monde », s’est exclamé Pharrell Williams, disant s’incliner devant une audience qui « ne montre aucun signe de peur ».
Ariana Grande, en jean et sweat blanc, a été particulièrement applaudie. Enchaînant les duos avec d’autres artistes, elle a également été accompagnée par un choeur de vingt-quatre élèves de l’école de Parrs Wood dont certains étaient à la Manchester Arena le 22 mai, faisant couler des larmes sur scène et dans le public.
David Beckham, ancienne star du club de Manchester United, s’est adressé à la foule dans un message vidéo projeté sur grand écran.
« Ces abrutis »
Des milliers de Mancuniens avaient fait la queue autour du stade de cricket de Manchester plusieurs heures avant l’ouverture des portes. Ils étaient protégés par un impressionnant dispositif de sécurité, avec des policiers très lourdement armés, certains arrivés en renfort de Londres.
Dans le public, une majorité d’adolescents, accompagnés ou non par leurs parents, portant des bracelets « we stand together » (« nous sommes ensemble »), des serre-tête oreilles de chat et des t-shirts abeille, un insecte devenu le symbole de la résistance de toute une ville face à la terreur.
« Rien ne nous vaincra, nous sommes venus pour exprimer notre soutien à Manchester et à notre pays. Il faut continuer à vivre sans peur », souligne Myriam Fletcher, 39 ans, venue de Hull, avec sa fille Michelle, 21 ans, qui fait remarquer que « l’affiche est vraiment extraordinaire ».
Katy Perry interprète « Roar » lors du concert :
Des milliers de personnes présentes dimanche avaient vécu l’horreur de près le 22 mai. Certains blessés assistaient au concert en chaise roulante. Abdullah Mala, 34 ans, est accompagné de sa fille Hannah, huit ans. Elle aussi était à la Manchester Arena et a le même âge que la plus jeune des victimes. Mais « heureusement, elle est sortie avant la dernière chanson », raconte son père, ému.
« J’y ai réfléchi à deux fois avant de venir ce soir. Mais on ne peut pas laisser ces abrutis gagner. Je viens d’une famille musulmane. C’est un mois sacré pour les musulmans, un moment pour prier et donner aux pauvres. Ces gens-là ne croient en rien de tout ça », ajoute-t-il, enlaçant tendrement sa fille.
Le Quotidien / AFP