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Attentat de Londres : des lycéens lorrains l’ont échappé belle


La photo date de mercredi. Les collégiens de La Miséricorde arpentent le pont de Westminster où la voiture folle du terroriste va faucher quatre heures plus tard une quarantaine de personnes. (photo DR)

Un peu plus de 400 élèves lorrains en voyage scolaire étaient mercredi à Londres, au moment de l’attentat. Ceux de La Miséricorde, à Metz, se trouvaient sur les lieux du drame quatre heures plus tôt.

Au bout du fil, Hugo, 15 ans, confie timidement qu’il a « un petit peu hâte de rentrer ». Mercredi matin, ce collégien messin de l’ensemble scolaire La Miséricorde se trouvait sur le pont de Westminster avec 17 de ses camarades de 3e. Quatre heures plus tard, trois lycéens de Concarneau (Finistère) y étaient grièvement blessés, fauchés par la voiture folle du terroriste.

« Le terrorisme me fait encore plus peur qu’avant. C’est choquant d’apprendre que cela s’est passé là où nous nous trouvions juste avant. On a eu de la chance », souffle l’adolescent. Même stupeur chez Verena, 14 ans : « Nous étions dans le bus quand nous avons appris cela, à la suite du coup de téléphone d’une maman d’élève. On était un peu effrayés mais les professeurs nous ont vite rassurés. Il n’y a pas eu de stress et j’ai pu prévenir ma mère avant qu’elle ne soit au courant de l’attentat. »

« Professionnalisme »

Une gestion dont se félicite Céline Milard, directrice de cet établissement privé : « Les enseignants ont réagi avec beaucoup de professionnalisme. Ils m’ont informée 30 minutes après le début des faits que tout allait bien et qu’ils se trouvaient dans un quartier éloigné. Ils ont aussi demandé aux enfants de rassurer aussitôt leurs parents. »

Forcément, en retraçant a posteriori le fil de cette journée, l’équipe encadrante se dit que la délégation l’a échappé belle : « Notre chauffeur nous a laissés devant la grande roue et nous avons traversé à pied le pont de Westminster pour rejoindre le Parlement. On ignore pourquoi, mais il trouvait plus simple de nous récupérer à Covent Garden plutôt qu’au même endroit. Heureusement, sinon, on aurait pu s’y trouver au mauvais moment », raconte Nathalie Bonnetier.

Avec ses collègues, cette professeur d’anglais a passé le voyage retour vers Letchworth, petite ville au nord de Londres où le groupe est hébergé, à rassurer les troupes : « Les enfants en ont beaucoup parlé et on les a aidés à relativiser. » Situation similaire pour les 50 élèves du lycée Chopin de Nancy.

411 voyageurs

Selon le rectorat de l’académie Nancy-Metz, 411 collégiens et lycéens, 170 de Moselle, les autres de Meurthe-et-Moselle, se trouvaient à Londres mercredi. C’est le cas d’une classe de 3e du collège Erckmann-Chatrian de Phalsbourg. Joint hier, l’établissement n’a pas souhaité communiquer sur sa gestion de la situation.

Les 45 lycéens de Julie-Daubié (Rombas) qui se trouvaient à Brighton ont quant à eux annulé la visite de Londres prévue jeudi : « Nos correspondants anglais nous ont proposé de mettre en place une cellule de crise. Nous n’en avons pas eu besoin mais nous avons beaucoup apprécié la démarche », explique Thierry Arthaud, professeur d’anglais qui encadre le séjour. Un refus symptomatique d’une génération qui commence malheureusement à apprendre à vivre avec cette menace perpétuelle : « Le danger est partout. Nous ne sommes pas forcément plus en sécurité en France », jugent Verena et Hugo à la veille de leur retour à Metz.

Philippe Marque (Le Républicain lorrain)