Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
Les conducteurs de trains CFL, devant passer par le tronçon où s’est produite la catastrophe de Dudelange, sont accompagnés d’un formateur, à partir de ce mardi. La mesure, a priori temporaire, a été prise par le service TM (Trains et matériel) des CFL, afin de rassurer les conducteurs. La décision est avant tout de l’ordre du soutien psychologique.
Concrètement, les conducteurs de trains CFL seront chacun accompagnés, dans la cabine de leurs locomotives respectives, par un membre du service «Trains et matériel» de la compagnie ferroviaire des CFL. Si la mesure est a priori temporaire, elle pourrait rester valable durant plusieurs jours, à la demande des conducteurs, indique-t-on du côté du syndicat du Landesverband. Il s’agit plus précisément de «rassurer» les conducteurs de trains, qu’ils soient expérimentés ou non, lors de leur premier passage à travers le fameux signal d’arrêt non respecté par le conducteur décédé dans l’accident.
Car ces accompagnateurs ne sortent pas de nulle part : ils s’occupent, en temps «normal», de la formation des conducteurs de trains. « J’incite tous les conducteurs à profiter de cet accompagnement, prévu dans le cadre du premier franchissement du lieu de l’accident (…) Si jamais certains conducteurs devaient exprimer leur désir d’être accompagnés durant plusieurs jours, je ne vois quel problème cela pourrait poser », a souligné le président du FNCTTFEL/Landesverband, Jean-Claude Thümmel, qui a précisé que ces accompagnateurs-formateurs disposent d’un droit d’entrée dans la cabine. Autrement dit, leur présence ne pourra pas être remise en question par un conducteur archi-expérimenté, par exemple.
L’expert suisse, attendu lundi, débutera ce mardi matin
Ceci dit, la mesure a également une forte portée symbolique. En effet, à la suite d’une réunion du comité de la section TM/PTC (Trains et matériel/Personnel technique de conduite) du Landesverband, qui s’est tenue hier matin, il a été convenu, par le syndicat, de lancer un appel à la direction générale des CFL. « L’ensemble du comité était présent, à savoir une dizaine de conducteurs de trains. Il a été acté la diffusion d’une communication dès aujourd’hui (lundi) », a également indiqué Jean-Claude Thümmel. En clair, le comité en question appelle la DG des CFL « à s’unir dans le futur, afin que la sécurité soit davantage garantie ».
Pour ce faire, la communication a été distribuée, dès lundi après-midi, dans les lieux où les conducteurs de trains prennent leur service. Si certains l’ont déjà eue hier soir, d’autres ne la découvriront qu’aujourd’hui.
Concernant l’ambiance régnante au cours de ladite réunion d’hier matin, le président du Verband est catégorique : « Les agents des CFL sont autant « tristes » que « nerveux ». « Tristes », car ils ont perdu un copain qui a toujours fait son travail de manière impeccable… »Nerveux », parce qu’ils s’impatientent… Ils veulent que toute la lumière soit faite sur l’accident, tout en se refusant à entrer dans le jeu des spéculations .» Des spéculations qui ont le don d’irriter les cheminots : « Certains se mêlent de choses qu’ils ne comprennent même pas », s’indigne-t-on du côté du syndicat.
Quant à la lumière tant attendue, elle devra venir de Suisse. Un expert indépendant, nommé par le juge d’instruction en charge de l’affaire, était toujours attendu, lundi après-midi. Son travail d’analyse des deux boîtes noires, (NDLR : la seconde boîte ayant été extraite durant le week-end), débutera ce mardi matin. « Les deux boîtes seront analysées cette semaine », a confirmé le porte-parole du parquet.
La seconde boîte noire, à savoir celle qui se trouvait dans le poste du conducteur, devra, dès lors, permettre de cerner avec précision les causes de l’accident. En effet, celle-ci renferme un enregistrement de toutes les manœuvres faites par le conducteur, le jour fatidique, dont un éventuel freinage d’urgence, voire l’atteinte à la vigilance d’un signal d’arrêt.
Claude Damiani
