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Dieselgate : l’étau se resserre sur l’ex-patron de Volkswagen


L'ancien patron de Volkswagen, Martin Winterkorn, à Berlin le 19 janvier 2017. (Photo : AFP)

L’étau s’est resserré vendredi sur l’ancien patron de Volkswagen, Martin Winterkorn, désormais soupçonné de fraude par la justice allemande dans le scandale des moteurs truqués du constructeur automobile allemand.

«En raison des résultats actuels de l’enquête (déjà en cours, ndlr), le nombre de personnes inculpées a été élargi de 21 à 37 désormais. Parmi elles, se trouve Martin Winterkorn», a déclaré le parquet de Brunswick (nord de l’Allemagne) dans un communiqué. Le nom des autres personnes visées par l’enquête n’a pas été communiqué.

Aux commandes de Volkswagen de 2007 à 2015, Martin Winterkorn avait quitté les manettes du géant automobile de Wolfsburg peu de temps après la révélation fracassante, en septembre 2015, que les moteurs d’onze millions de voitures dans le monde avaient été équipés d’un logiciel permettant de les faire paraître moins polluantes qu’en réalité.

Malgré son départ provoqué par l’ampleur du scandale, Martin Winterkorn a toujours affirmé qu’il n’était au courant de rien. Une position réaffirmée la semaine dernière devant une commission parlementaire allemande.

Mais selon le parquet, les investigations menées, les données saisies par les enquêteurs ainsi que les auditions de témoins apportent des «éléments suffisants» laissant penser que Martin Winterkorn a pu avoir été au courant de cette tricherie plus tôt qu’il ne l’affirme. Alors que le scandale a éclaté aux États-Unis, les autorités américaines elles aussi soupçonnent l’ancien «M. Qualité» de Volkswagen, réputé pour son perfectionnisme, d’avoir su dès l’été 2015.

Perquisitions

Dans le cadre de l’enquête élargie du parquet de Brunswick, 28 endroits au total ont été perquisitionnés, dans la zone du nord de l’Allemagne, non loin de Hanovre, s’étendant entre les villes de Brunswick, Wolfsburg et Gifhorn. Les lieux fouillés sont à la fois des habitations et des bureaux, a indiqué le parquet, ajoutant que l’examen des pièces prélevées devrait maintenant durer plusieurs semaines.

Tout au début du scandale, un pataquès avait eu lieu quand le même parquet de Brunswick avait déjà dit ouvrir une enquête visant Martin Winterkorn, avant de faire marche arrière et de dire que «les salariés responsables» de la manipulation étaient visés, mais pas lui nommément. Depuis en revanche, M. Winterkorn a bien déjà été visé par une enquête toujours en cours sur des soupçons de manipulation du prix de l’action, et également conduite par le parquet de Brunswick.

La question est de savoir si la direction de Volkswagen a bien informé les marchés financiers du scandale en temps et en heure. La chute de l’action du constructeur à la Bourse de Francfort avait été violente dans les jours suivant l’éclatement de l’affaire, les investisseurs du groupe y laissant beaucoup de plumes. Le titre a depuis bien remonté la pente et, environ un an et demi après, il n’affichait plus qu’un recul d’environ 10% par rapport à avant le scandale.

Suspicion

Selon l’avis personnel de Ferdinand Dudenhöffer, directeur de l’institut de recherche sur l’automobile CAR, «Winterkorn avait été informé bien en amont et les actionnaires l’ont été trop tard». La confirmation de cela pourrait encore alourdir la facture pour Volkswagen, dont les 18 milliards d’euros mis de côté pour répondre de ses agissements sont d’ores et déjà insuffisants. Rien qu’aux États-Unis, et alors que la liste de poursuites en cours dans le monde est encore longue, le constructeur a plaidé coupable pour fraude et s’est engagé à verser presque 22 milliards de dollars au total de pénalités.

Si Volkswagen semble avoir en partie déjà tourné la page du dieselgate, avec des ventes record en 2016, une suspicion refait régulièrement surface: celle que l’inventeur de la Coccinelle, groupe connu auparavant pour son fonctionnement opaque et aux mains d’une poignée de personnes, ne chercherait pas vraiment à faire l’entière lumière sur le scandale. Le départ annoncé jeudi de la directrice juridique Christine Hohmann-Dennhardt, arrivée il y a seulement un an pour justement mettre de l’ordre dans le groupe, n’a fait que nourrir cette impression. «C’est un mauvais signe pour VW (…), un signe que le changement de culture (au sein d’une entreprise) est un combat, qui se poursuit», estime Ferdinand Dudenhöffer.

Le Quotidien/AFP