Samedi matin, quelque 200 personnes ont pu visiter la structure d’accueil pour demandeurs de protection internationale (DPI) de Diekirch. Le premier bâtiment du «village conteneurs» va accueillir ses premiers pensionnaires, en provenance du Monopol de Luxembourg, ce mardi.
Trois bâtiments (A, B et C) modulaires, de deux étages chacun, 150 chambres pouvant accueillir chacune deux personnes (maximum de 300 places au total)… Située en contrebas de la caserne Grand-Duc-Jean et gérée par Caritas (trois assistants sociaux, trois éducateurs gradués et trois éducateurs diplômés), la structure d’accueil pour demandeurs de protection internationale ouvre ses portes aujourd’hui. Enfin, c’est le cas pour l’un des trois bâtiments : celui des célibataires (le C).
« Trente-cinq personnes devraient arriver mardi (aujourd’hui), détaille Claude Haagen (LSAP), le bourgmestre de Diekirch. D’autres arrivées sont prévues tous les jours de cette semaine. » « On ne peut pas dire précisément combien de personnes vont rejoindre Diekirch cette semaine , dit-on à l’Office luxembourgeois de l’accueil et de l’intégration (OLAI). Elles viendront dans un premier temps du Monopol de Luxembourg, qui n’accueillera plus personne à partir de maintenant parce qu’il doit fermer ses portes d’ici la fin de l’année. »
Les deux autres bâtiments (A et B) sont encore en travaux et devraient être terminés d’ici quelques semaines. « Au cours de la première semaine de janvier – la deuxième des vacances de Noël –, les premières familles seront accueillies dans le bâtiment A , poursuit Claude Haagen. Dans le bâtiment B, il y aura quelques chambres, mais surtout des bureaux administratifs et des salles de classe et/ou de formation. C’est également lorsque les familles arriveront qu’on fera le point pour intégrer les enfants dans les classes de la commune en fonction de leur niveau en langue. »
«Les DPI sont les bienvenus»
Samedi, le bourgmestre de Diekirch s’est mué en guide des lieux pour les quelque 200 personnes venues visiter la structure. « Ce n’est pas le grand luxe , avance Claude Haagen. Les chambres ont le strict nécessaire (NDLR : deux lits, deux armoires, deux bureaux et deux chaises). À chaque étage, il y a des douches, une cuisine et des sanitaires communs ainsi qu’une salle TV. Il y a le wifi. Une ligne de bus RGTR a aussi été mise en place afin que les résidents puissent se rendre facilement dans la commune ou à la gare pour aller à Luxembourg faire leurs démarches administratives. Ils pourront aussi recevoir du courrier puisque la structure a comme adresse le 90, rue Herrenberg. »
Dans l’assistance, aucune objection. « C’est une belle structure , jugent Danielle, Éliane et Jean. Nous sommes sensibles à la détresse des réfugiés. Il y a une vraie solidarité à Diekirch. » Tom confirme : « C’est normal de les accueillir. Diekirch est une ville ouverte et nous allons les aider .» Claude, le père de Tom, veut « les aider en devenant bénévole. Comment? Je ne sais pas encore. Je vais voir avec eux en fonction de leurs besoins .»
En septembre 2015, la commune avait été sollicitée par le gouvernement, comme l’ont également été Steinfort, Mamer et Junglinster, pour accueillir un «village conteneurs» pour demandeurs de protection internationale. Et tout est allé très vite, contrairement aux autres communes (lire ci-dessous) . « Il y a eu une unanimité au conseil communal et nous n’avons eu aucune réclamation écrite à la suite de la présentation du projet , indique le bourgmestre de Diekirch. Tout a été positif. Les DPI sont les bienvenus. »
Guillaume Chassaing
Mamer, Steinfort et Junglinster en stand-by
Contrairement à Diekirch, les projets de structures d’accueil de DPI à Mamer, Steinfort et Junglinster sont pour le moment au point mort.
Pour faire face à la crise des migrants, le gouvernement avait, en septembre 2015, décidé la mise en place, à moyen terme, de «villages conteneurs» pouvant chacun accueillir 300 demandeurs de protection internationale.
Outre Diekirch (lire ci-dessus), trois autres communes avaient été choisies pour accueillir ces structures : Steinfort (1,6 hectare, dans le prolongement de l’actuel Park&Ride), Mamer (2,3 hectares, à proximité du campus scolaire École européenne Luxembourg II et du lycée Josy-Barthel) et Junglinster (à côté du lycée Lënster). Si les procédures de Plan d’occupation du sol (POS) ont été lancées pour ces trois projets dans le même temps que pour celui de Diekirch, elles n’ont pas encore abouti.
À Mamer, un groupe de 38 résidents a, fin juin/début juillet, introduit auprès du tribunal administratif un recours contre la procédure de reclassement du POS. « C’est l’unique réclamation contre le projet , indique Gilles Roth (CSV), le bourgmestre de Mamer. J’ai sur mon bureau les documents pour l’autorisation de construire et, légalement, je pourrais la signer, mais je ne le fais pas par respect pour la procédure en cours et les juridictions. »
Même chose du côté de Junglinster. « Un groupe de trois résidents a lancé une procédure en justice , confie Romain Reitz (CSV), le bourgmestre de Junglinster. Je ne donne pas l’autorisation de construire, car je ne veux pas que la commune soit attaquée, alors on attend. »
Du côté de Steinfort, le projet de centre d’accueil pour demandeurs de protection internationale a fait plus de bruit en raison de l’opposition de la Biergerinitiativ Keen Containerduerf am Duerf ASBL, menée par quatre couples de voisins du futur foyer d’accueil. Cette dernière a d’ailleurs remporté une première bataille judiciaire en mettant en avant l’argument de la présence d’une espèce protégée de chauves-souris, le grand murin, à l’intérieur d’un tunnel d’égout à proximité du site. « Le gouvernement a décidé de faire appel de cette décision , rappelle Jean-Marie Wirth, le bourgmestre de Steinfort. Mais pour le moment, nous n’avons pas de date de procès. On l’attend, ainsi que l’enquête environnementale. »
Des projets à Manach et Esch-sur-Alzette
Le gouvernement ne s’est pas arrêté à ces quatre communes et a continué, ces derniers mois, à œuvrer pour trouver des terrains en sa possession susceptibles d’accueillir une structure d’accueil. Le 9 novembre, une procédure de POS pour une structure provisoire d’accueil d’urgence pour les DPI a été lancée à Manach. Au départ, l’idée d’accueillir 300 DPI dans cette future structure, qui pourrait voir le jour à l’horizon 2018, a été évoquée, mais le bourgmestre de Clervaux, Émile Eicher, a expliqué que « dès le début, le conseil communal a décidé qu’il ne pourrait y avoir plus de 150 demandeurs de protection internationale sur ce site, car on a un village de 670 habitants, donc il faut quand même garder certaines proportions » ( lire Le Quotidien du mercredi 16 novembre ).
En février dernier, à Esch-sur-Alzette, le ministre de l’Intérieur, Dan Kersch, avait présenté un projet de structure d’accueil de 300 DPI, qui devait voir le jour au quai Neudorf. Mais cette copie a été revue et corrigée, et c’est finalement une structure d’accueil d’une capacité maximale de 150 personnes qui verra le jour d’ici deux ans, toujours au quai Neudorf (lire Le Quotidien de mardi dernier) . Le gouvernement ne s’arrête pas là et poursuit sa quête de terrains susceptibles d’accueillir des structures d’accueil pour les DPI.
G. Ch.