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Pas vendre la peau de l’ours

La droite française ne devrait pas crier victoire trop tôt après sa primaire réussie qui place François Fillon en position de force en vue de l’élection présidentielle de 2017 et cela pour deux principales raisons.

Premièrement, les sondages prédisent l’élimination de la gauche dès le premier tour le 23  avril et une large victoire de François Fillon face à Marine Le Pen au second. Mais les exemples du Brexit au Royaume-Uni et de Donald Trump aux États-Unis sont venus clairement démontrer que les scénarios écrits à l’avance peuvent être totalement contredits par les électeurs le jour fatidique. Sans compter que l’élection ne se tient que dans cinq mois, soit une éternité en politique.

Deuxièmement, dans l’hypothèse d’un duel entre le candidat Les Républicains (LR) et la candidate Front national (FN), François Fillon ne pourra se contenter des voix des électeurs de droite et des classes aisées pour l’emporter. Il lui faudra celles des électeurs de gauche et du centre et des classes moyennes et populaires. Si en 2002, le second tour entre Jacques Chirac et Jean-Marie Le Pen avait tourné au plébiscite anti-Le Pen (82  % des voix contre 18  %), les temps ont bien changé depuis et Marine n’est pas l’épouvantail que pouvait représenter son père.

Mais surtout, il est difficilement imaginable que les électeurs de gauche se mobilisent en masse pour soutenir un Fillon dont le programme ultralibéral actuel n’a rien à envier à Ronald Reagan et Margaret Thatcher (saignée dans la fonction publique, baisse des impôts pour les riches et les entreprises, augmentation de la TVA, privatisation de la Sécurité sociale…). Le président par intérim des Républicains, Laurent Wauquiez, a d’ailleurs annoncé la couleur dimanche dans un tweet  : «Il faudra dire que les plus riches ne seront pas les seuls bénéficiaires de notre projet. La droite doit s’adresser aux classes moyennes.»

Marine Le Pen aura alors beau jeu de se présenter en protectrice des classes moyennes et populaires face à cette droite «qui n’a aucune générosité, aucune humanité», selon les mots crus du député sarkozyste Henri Guaino (LR).

Nicolas Klein

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