Vladimir Poutine participe mercredi soir à Berlin au premier sommet depuis un an sur la crise en Ukraine avec les dirigeants allemand, français et ukrainien. Une rencontre en terrain miné qui sera aussi marquée par le différend sur la Syrie.
De l’aveu même des participants, cette rencontre avec Angela Merkel, François Hollande et Petro Porochenko ne devrait pas aboutir à une avancée spectaculaire. « Nous ne nous attendons à aucune percée », pour faire appliquer les accords de paix de Minsk dans un pays où le conflit armé entre Kiev et séparatistes prorusses a fait près de 10.000 morts depuis avril 2014, a déclaré mercredi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.
« Ca coince à de nombreux niveaux, le cessez-le-feu, les questions politiques, les questions humanitaires », a souligné la chancelière allemande à la veille des entretiens, « on ne peut pas s’attendre à un miracle, mais au point où on en est, il faut faire tous les efforts ».
Risque d’un « conflit gelé »
« On ne veut pas se contenter d’un conflit gelé. Ce n’est pas pour cela que le président et la chancelière ont mis sur pied le format Normandie » réunissant les quatre pays, du nom de la région où le premier sommet de ce type s’est tenu, note-t-on de source diplomatique française.
À l’ordre du jour: le respect du cessez-le-feu entre forces ukrainiennes et rebelles prorusses, toujours très aléatoire, l’adoption d’une loi électorale et dans la foulée l’organisation d’élections dans l’Est du pays sous contrôle des prorusses.
Sur ces sujets, Moscou et Kiev n’ont cessé de se renvoyer la balle. M. Peskov a exhorté mercredi Kiev « à appliquer les accords de Minsk ». La présidence ukrainienne juge que la réunion de Berlin doit « pousser la Russie à mettre en oeuvre » ce même texte.
Moscou, qui est accusé d’attiser la crise en armant et en soutenant les rebelles, a toujours rejeté cette vision et juge au contraire que c’est à Kiev de tenir ses engagements en vue d’une autonomie accrue de l’Est. « N’ayons pas d’attentes très élevées au sujet de cette rencontre », a tranché M. Porochenko mardi à Oslo.
« Je ne me fais aucune illusion sur la capacité de Merkel et Hollande à tempérer l’ambition de Poutine à ce stade », lui a fait écho un analyste politique ukrainien, Taras Beresovets. Cette réunion à quatre sera suivie d’une rencontre tripartite sur l’autre grand sujet de tension russo-occidentale, la guerre en Syrie avec les bombardements de Moscou en soutien au régime, en particulier sur Alep.
Le Quotidien / AFP