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Bosnie : un Serbe élu maire de Srebrenica


Mladen Grujicic est le nouveau maire de Srebrenica.

La commission électorale a officiellement validé lundi la victoire d’un Serbe à la mairie de Srebrenica, ville-martyre de la guerre intercommunautaire en Bosnie, qui était dirigée sans interruption par des musulmans bosniaques depuis 1999.

Les Bosniaques s’étaient inquiétés des conséquences de cette victoire de Mladen Grujicic, lui reprochant notamment de ne pas dire publiquement que le massacre de plus de 8.000 hommes et adolescents bosniaques en juillet 1995, était un acte de génocide.

Selon les résultats officiels annoncés lundi, Mladen Grujicic a remporté 54,4% des suffrages le 2 octobre, contre 45,5% au sortant bosniaque Camil Durakovic.

L’association des « mères de Srebrenica », représentant les proches des Bosniaques massacrés en 1995, avait demandé l’annulation des municipales, en accusant jeudi le candidat serbe d’avoir bénéficié de « fraudes » pour arriver en tête.

Munira Subasic, présidente de l’association des « mères de Srebrenica », avait assuré que son refus de la victoire de Mladen Grujicic n’est pas motivé par le fait qu’il soit serbe, invoquant « de graves irrégularités ».

« Il y a eu sur les listes d’électeurs 500 personnes décédées et 2.500 qui vivent en Serbie qui sont venues voter à Srebrenica », avait affirmé Mme Subasic, qui a perdu des proches dans ce massacre considéré comme un acte de génocide par la justice internationale.

Elle a qualifié Mladen Grujicic de « négationniste ». Celui-ci se refuse à évoquer le terme de « génocide », tout en reconnaissant qu’un massacre a été commis. « Le fait qu’il soit serbe n’est pas important. Le problème, c’est que ses idoles sont Radovan Karadzic et Vojislav Seselj », a dit Munira Subasic.

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Radovan Karadzic a été condamné à 40 ans de prison par le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie, notamment pour crimes de guerre et contre l’humanité, et acte de génocide. Acquitté, Vojislav Seselj est considéré par les Bosniaques comme un chantre de l’ultranationalisme serbe et de l’épuration ethnique. Il a soutenu Mladen Grujicic durant la campagne.

Mladen Grujicic, dont le père a été tué au début de la guerre, a affirmé qu’il allait « respecter toutes les victimes » et que sa mairie continuerait à participer aux commémorations du massacre.

« Pourquoi, cela poserait problème qu’un Serbe soit le maire s’il vit à Srebrenica et s’il a le soutien du peuple? », avait demandé mardi Milorad Dodik, patron de l’entité serbe de Bosnie, la Republika Srpska, où est située Srebrenica.

« Dès qu’il est devenu évident que le candidat serbe allait l’emporter, des voix se sont élevées à Sarajevo pour dire qu’un Serbe ne pouvait être maire de Srebrenica. C’est une déclaration fasciste », avait-il dit. « Si j’avais déclaré qu’un musulman ne pouvait être le maire de Srebrenica (…), je pense qu’une intervention de l’Otan aurait été imminente. »

Le Quotidien / AFP