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[Made in Luxembourg] Chez Terra, le maraîchage est solidaire


Avec Sophie Pixius et Marko Anyfandakis, Pit Reichert, chef maraîcher, est l’un des trois fondateurs de Terra.

Les abonnés de la coopérative Terra, située au Eicherfeld, juste au nord de Luxembourg, auront droit à leur premier panier de légumes de l’année. Il reste encore quelques opportunités…

Les produits

Pas évident d’imaginer qu’à moins de 2 km du centre-ville de la capitale, on puisse trouver un tel endroit ! Il faut monter sur le plateau de grès de Luxembourg pour arriver au site, à la lisière du Bambësch, où s’est implantée en 2014 Terra, la première AMAP (association pour le maintien d’une agriculture paysanne) du pays.

Une AMAP (Solawi en allemand), c’est un lieu où des maraîchers font pousser une quantité de fruits et légumes de manière écoresponsable et auquel on peut s’abonner à l’année. Chaque semaine, il suffit de venir récupérer sur place des fruits et légumes de saison fraîchement récoltés.

«Nous occupons 1,5 ha, dont 0,5 de surfaces cultivées, explique Pit Reichert, un des trois créateurs de Terra avec Sophie Pixius et Marko Anyfandakis. Le reste, ce sont des arbres fruitiers qui étaient là bien avant nous, les chemins et nos installations.»

Il va de soi qu’ici, on ne voit jamais la couleur d’herbicides ou de pesticides. La terre et les plantes ne reçoivent que des soins naturels. «Nous suivons les principes du bio intensif (NDLR : qui produit de beaux rendements tout en restant durable, grâce à la succession des cultures, au choix des plantes et à des espacements serrés) et du no-dig (NDLR : pas de bêchage, pour préserver la structure et la microbiologie du sol), mais nous ne sommes pas certifiés, souligne-t-il. Le niveau du label bio européen est trop bas, celui du Bio Lëtzebuerg est mieux, mais cher, et nous ne sommes pas convaincus par Demeter, car la biodynamie est trop mystique pour nous.»

La production est foisonnante puisque la société coopérative fait sortir de terre plus de 300 variétés de fruits et légumes. Au cours de l’année, on trouvera par exemple 45 sortes différentes de tomates ou 15 de carottes. Le premier assortiment de l’année, que les abonnés peuvent venir chercher cette semaine, comprendra des navets feuilles, des navets racines, des radis, de la laitue, des oignons frais, de l’ail, des orties… «Chaque semaine, nos adhérents repartent avec 8 à 10 fruits et légumes différents et ils peuvent également se procurer différents produits issus de partenaires : des œufs, des pommes de terre, de la viande, du vin, du miel, des fleurs…»

Les récoltes sont réalisées deux fois par semaine, le mardi et le vendredi. Les surplus sont vendus à des restaurants et au grossiste Naturlëtz, qui ne travaille qu’avec des maraîchers luxembourgeois.

Les producteurs

Pit Reichert, Sophie Pixius et Marko Anyfandakis se sont rencontrés en 2012 au CELL (Centre for Ecological Learning Luxembourg, le chantre de la transition au Grand-Duché). « Nous avions les mêmes idées, se souvient Pit. Marko revenait d’une ferme australienne en permaculture, Sophie avait étudié l’agroécologie et moi, j’étais en apprentissage pour devenir maraîcher. Nous nous sommes bien trouvés ! »

L’idée de créer une AMAP ensemble tombe vite sous le sens et ils travaillent sans tarder sur ce projet. La structure devra être une coopérative dans laquelle des investisseurs pourront acquérir des parts sociales. Grâce à l’argent récolté, le trio aura les moyens financiers d’investir dans le matériel et l’équipement.

Pour autant, ils n’avaient jamais prévu de se retrouver dans la capitale. « Nous avons eu énormément de chance !, sourit Pit Reichert. Avant de nous lancer, nous avions envoyé une petite étude de marché dans notre entourage pour savoir si notre idée intéressait les gens et nous indiquions aussi que nous étions à la recherche d’un terrain. Et une dame très gentille nous a justement dit qu’elle avait celui-là et qu’elle voulait bien nous le louer. »

Début 2014, Terra a commencé avec 35 paniers et dès la fin de cette première année, le jardin en livrait déjà 101. L’intérêt public de l’opération était validé en quelques mois à peine ! « Nous avons fait un maximum de 250 paniers, mais c’était un peu trop, retient Pit. Désormais, nous nous limitons à 200 et il reste encore quelques places si des personnes sont intéressées. »

Le fondateur de Terra constate qu’il a déjà été plus simple de trouver des bénéficiaires. « Pendant le covid, l’intérêt était énorme, mais ça a un peu baissé depuis. Les gens ont de nouveau moins le temps, ils préfèrent tout acheter dans les grandes surfaces… »

Pour autant, au Eicherfeld, on a beaucoup plus à proposer qu’un catalogue de produits. C’est une vraie communauté qui s’est créée autour des cinq serres (bientôt six) et des rangées de pruniers, pommiers, poiriers, cerisiers… Des fêtes, des repas en commun, des ateliers de cuisine, des visites du jardin sont régulièrement organisés.

Où les trouver ?

Pour profiter des paniers de fruits et légumes de Terra, il faut s’abonner à l’année pour un montant de 1 200 ou 1 400 euros. « Nous avons calculé pour que ce ne soit pas plus cher que si l’on achète de bons produits bios, avance Pit Reichert. Et chez nous, vous avez la certitude que tout est local, vraiment durable et que l’argent sert à rémunérer correctement tous ceux qui travaillent et sont formés. »

Les allocataires peuvent venir chercher leur panier le mardi soir au Eicherfeld ou le samedi matin à Bonnevoie, place Léon-XIII. « Si les abonnés ne peuvent pas récupérer un panier parce qu’ils sont en vacances, par exemple, nous sommes flexibles : ils peuvent le transmettre à qui ils souhaitent ou bien en prendre un de plus la semaine suivante. »

À retenir

· Depuis 2014, la coopérative Terra travaille 1,5 ha de terrain situé au Eicherfeld, à Luxembourg. La première AMAP du Luxembourg produit en bio 300 fruits et légumes sur l’année, que les bénéficiaires peuvent venir chercher chaque semaine.

· Pit Reichert, Sophie Pixius et Marko Anyfandakis sont les trois fondateurs. Ils se sont rencontrés au CELL et ont rapidement décidé de se lancer. Ils ont commencé par 35 paniers par semaine et en ont produit jusqu’à 250. Désormais, ils se sont stabilisés à 200.

· Pour profiter de ces produits frais, locaux et écoresponsables, il faut s’abonner à l’année (1 200 et 1 400 euros), ce qui correspond au montant annuel d’achat de produits bios de qualité en magasin. On peut venir les chercher le mardi soir au Eicherfeld ou le samedi matin à Bonnevoie, place Léon-XIII.

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