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Le dealer présumé cachait la cocaïne dans son slip 


Le prévenu prétend avoir acquis les stupéfiants pour sa consommation personnelle. 

Pedro avait des boules de cocaïne cachées dans son slip et une mystérieuse photographie du passeport d’une dame âgée dans son téléphone. De quoi interroger la police sur ses intentions.

«Quand ils nous ont vus, mon coéquipier et moi, les deux hommes sont partis par la rue de Strasbourg en direction de l’avenue de la Liberté», rapporte un policier appelé à l’angle des rues du Fort-Wedell et Joseph-Junck par un riverain agacé par le bruit de dealers qui alpaguaient des clients. Finalement, les policiers sont parvenus à rattraper les deux hommes.

«Lors du contrôle d’identité, nous avons remarqué deux boules blanches au pied de l’un deux.» De quoi leur mettre la puce à l’oreille. Ils embarquent les deux hommes au commissariat et procèdent à une fouille corporelle complète. «Nous avons trouvé un sachet contenant 25 boules de cocaïne dans le slip de Pedro», témoigne le policier. «Nous avons également saisi 10 grammes de marijuana, 65 euros et un téléphone.»

Le Nigérian de 28 ans est arrêté sur le champ. Il est suspecté d’être un vendeur de stupéfiants. Mercredi après-midi, il a fait opposition à un jugement du 20 décembre dernier qui le condamnait par défaut à 18 mois de prison ainsi qu’à 5 000 euros d’amende. «Je voulais être présent pour comprendre pourquoi on m’a condamné», explique celui qui se trouve actuellement en détention provisoire dans le cadre d’une nouvelle affaire de stupéfiants.

Il prétend être venu à Luxembourg depuis Longwy acheter de la cocaïne pour la consommer plus tard avec sa copine qui habite Paris. «La cocaïne est moins chère et de meilleure qualité à Luxembourg. À Longwy, le marché est tenu par des Arabes et il y a beaucoup de violence», tente le prévenu. Les deux boules trouvées au sol n’étaient pas les siennes. Son comparse prétend le contraire.

Une analyse de son téléphone a permis aux policiers de trouver des numéros de téléphone luxembourgeois et des messages peu équivoques sur la nature de l’activité de Pedro comme des prises de rendez-vous ou des commandes. «Un consommateur l’a clairement identifié sur une planche de photographies comme étant son dealer» et un autre a également avoué aux policiers avoir acheté de la drogue à Pedro. Ce dernier nie les faits. Il lui serait arrivé de vendre à trois ou quatre reprises, par nécessité, pour manger ou pour financer sa propre consommation.

«Rien ne tient la route»

Dans son téléphone, les policiers ont également mis la main sur des copies de documents appartenant à la grand-mère d’un des deux consommateurs qui l’ont identifié. Une copie de son passeport, entre autres. La présidente de la 13e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg aimerait comprendre pourquoi il était en leur possession. Elle a bien une petite idée derrière la tête, mais n’obtiendra pas de réponse concrète de la part du jeune homme qui s’empêtre dans des explications peu réalistes.

Le consommateur en question lui aurait proposé de l’aider à trouver un logement propre en lui transférant les documents. Il aurait alors envisagé de sous-louer le bien dont le bail aurait été établi au nom de la grand-mère. «Avec quel argent auriez-vous payé le loyer ?», demande la juge. «Je travaille comme coiffeur au noir», répond Pedro. «Ca aussi, ç’est illégal», lui fait remarquer la présidente. «Je ne savais pas. Je suis désolé.»

La présidente change d’approche pour sortir du « dialogue de sourd» instauré par le prévenu. «D’où connaissiez-vous l’homme qui vous a donné les documents ?» «De la rue.» Pedro explique qu’il s’agissait d’une forme d’entraide. En échange, il lui avait promis 10 grammes de marijuana. «C’est une mise en circulation de stupéfiants», constate la juge décidée à ne rien lâcher. «Comment auriez-vous payé le loyer de votre logement?» «Je suis coiffeur», répète le prévenu. «Il vous aurait fallu couper beaucoup de cheveux», poursuit la présidente. «Je prends 20 euros pour une coupe et 80 euros de l’heure pour les tressages», précise Pedro qui a tenté la même combine avec le deuxième consommateur. «On se demande pour quelle contrepartie», lance la présidente avant de mettre un terme à l’audition du prévenu et de laisser la parole au procureur.

«Rien ne tient la route», constate le magistrat qui juge «peu crédibles» les explications livrées par Pedro. La quantité de stupéfiants saisis était, selon lui, trop élevée pour avoir été destinée à sa consommation. Quant aux documents, «Pedro les détenait certainement en vue d’une escroquerie».

Il a requis la confirmation du premier jugement et s’est opposé à un sursis. Le prévenu a quitté la salle d’audience sonné.
Son avocat, Me Stroesser, s’est rapporté à prudence du tribunal et a demandé aux juges de ne pas prononcer de peine dépassant les 12 mois de réclusion à l’encontre «de ce pauvre diable qui ne sait plus ce qu’il raconte.» «Le fléau de la vente de stupéfiants ne se résoudra pas dans les salles d’audience», a estimé Me Stroesser. «Mon client s’est empêtré dans ses explications. Est-ce pour cette raison qu’il doit être puni plus qu’un autre ?»

Réponse le 30 mai prochain.

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