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Frieden et Wilmes dans le viseur des fonctionnaires


La manifestation s'est tenue lundi soir. (photos Hervé Montaigu)

La CGFP a mobilisé, lundi soir, un millier de personnes pour fustiger une «violation flagrante» de l’accord salarial. Accusés d’«arrogance», le Premier ministre et celui de la Fonction publique sont attendus au tournant.

Même les pompiers du CGDIS étaient présents, sans pouvoir éteindre l’incendie provoqué, selon la CGFP, par le gouvernement. En cause, une «rupture délibérée d’un contrat par les représentants du peuple, qui, tout en se montrant hautains et nonchalants, brisent l’accord qu’ils ont eux-mêmes signé.

Ils mettent délibérément en danger la paix sociale», lance Romain Wolff, le président de la CGFP, devant un parterre d’un millier de fonctionnaires, très remontés contre la coalition CSV-DP. Ou plutôt contre le Parti chrétien-social, accusé de ne pas respecter son propre engagement, à savoir appliquer et faire respecter dans son intégralité l’accord salarial, encore en vigueur jusqu’au 31 décembre prochain.

Serge Heiliger et Romain Wolff, les chefs de file de la CGFP, mettent en perspective de plus amples manifestations sans réponse satisfaisante du gouvernement.

Le terme «armée» est finalement tombé à deux reprises à peine lors d’une manifestation qui aura duré un peu plus d’une heure. Le maintien d’un système d’évaluation pour les soldats est pourtant l’élément déclencheur d’une fronde syndicale «qui va perdurer, si nécessaire, pendant l’ensemble de la législature». «Nous allons maintenir la pression aussi longtemps que le gouvernement piétinera l’accord salarial», renchérit Steve Heiliger, le secrétaire général de la Confédération générale de la fonction publique (CGFP).

«On ne va pas se laisser faire»

L’accord en question, régissant notamment la rémunération des fonctionnaires, a acté, au 1er janvier 2023, l’abolition du très contesté système d’appréciation des agents. «Le pire, c’est que l’on est confronté à un dangereux précédent. Aujourd’hui l’armée, demain d’autres administrations, établissements publics et au-delà. Et puis peut-être aussi sur d’autres points», fustige Romain Wolff. Il aura martelé tout au long de son discours qu’il s’agit d’«une question de principe, et de rien d’autre. On ne peut pas et on ne va pas se laisser faire».

Comme il l’avait déjà fait dans nos colonnes lors de l’Interview du lundi du 22 mars, Steve Heiliger a rappelé que la CGFP ne veut pas coûte que coûte aller au clash. Après la levée de boucliers contre la «réintroduction en cachette» d’un système d’évaluation, «le gouvernement aurait pu faire preuve de grandeur en admettant une erreur. Mais rien ne s’est passé. Et nous, en tant que CGFP, n’aurions certainement pas refusé le dialogue».

Un compromis semblait d’ailleurs proche avec le nouvel exécutif conservateur-libéral. La solution proposée – abolition de l’évaluation dans l’armée en attendant la négociation d’un «nouvel outil» – aurait reçu un premier écho positif lors de contacts informels avec «les ténors (NDLR : du CSV), du matelot jusqu’au capitaine. Mais le vent a tourné lors de l’entrevue officielle avec le ministre de la Fonction publique. Depuis, c’est silence radio total», déplore Steve Heiliger.

Une grève pas formellement écartée

Dans le viseur se trouvent le ministre de tutelle Serge Wilmes (CSV), «porté disparu», mais aussi le Premier ministre, Luc Frieden (CSV). Un rendez-vous avec le chef du gouvernement se ferait toujours attendre.

«Le Premier ministre, l’auto-proclamé CEO (NDLR : directeur général) du gouvernement, n’a-t-il pas une fois dit que le capitaine devait aussi taper du poing sur la table si un de ses ministres faisait fausse route ? Eh bien, ce moment est atteint depuis longtemps», rappelle le secrétaire général.

«Mais, tout comme le ministre de la Fonction publique, il semble avoir disparu. Est-ce qu’il a conscience qu’en snobant la CGFP, il se moque de l’ensemble de la fonction publique ?»

Le président Romain Wolff a lancé une autre question, lundi soir : «Mais pourquoi donc le gouvernement défie-t-il la CGFP dans un moment aussi crucial, où des problèmes bien plus importants sont à résoudre ? On attend une réponse claire, faute de quoi, on risque de se revoir très vite, peut-être encore avant les élections européennes, dans un autre cadre.»

Dans une salle des fêtes d’un hôtel de la capitale lundi soir, et dans la rue sous peu ? Même une grève n’est pas exclue, car «une procédure de litige ne doit pas mener à une grève, mais elle le peut…», conclut Steve Heiliger.

Où se trouve le litige ?

Romain Wolff, le président de la CGFP, est revenu sur l’historique qui a mené au clash avec le gouvernement. À la base se trouve l’accord salarial signé, en décembre 2022, entre le ministre de la Fonction publique de l’époque, Marc Hansen (DP), et le syndicat représentatif de la fonction publique. Un élément crucial : l’abolition, dans son intégralité, du système d’appréciation des agents. Y compris dans l’armée, selon la lecture de la CGFP.

«Six mois plus tard, surprise, des amendements à la nouvelle loi sur l’armée» sont mis sur la table. «Un coup de théâtre de mauvais goût avec à la clé un vote à la Chambre accompagné de pas mal de « fake news »», s’échauffe Romain Wolff. Suivent une conciliation et une médiation, qui restent sans résultat. «Je n’avais encore jamais eu affaire à une délégation gouvernementale aux propos aussi arrogants et avec un comportement tellement hautain. C’est du jamais vu!» L’impasse est totale.

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