MEETING DE LA CHAUX-DE-FONDS Patrizia Van der Weken se retrouve sur un des meetings préférés. Alors que la période de qualification olympique vient tout juste de débuter.
Patrizia Van der Weken et La-Chaux-de-Fonds, c’est une vraie histoire d’amour : «C’est vrai que j’aime bien courir en Suisse. C’est une piste rapide. En plus, je ne sais pas pourquoi mais on a toujours le vent dans le dos. Et puis c’est un meeting de qualité, avec énormément de filles qui courent super vite. Il y a de la concurrence, une bonne ambiance. Bref, les conditions sont souvent réunies pour y faire des perfs. Je suis très contente de revenir ici où j’ai à chaque fois bien marché», confie la jeune femme.
Effectivement, pour le moment, à chaque fois qu’elle s’est présentée au départ du Resisprint au stade de la Charrière, la sprinteuse luxembourgeoise est repartie avec un nouveau record personnel. C’était le cas en 2019, où elle bat de 7 centièmes son record national du 100 m (11« 52 contre 11« 59). Deux ans plus tard, elle signe un canon 11« 34 avec toutefois un vent un peu trop favorable. Et l’an passé, elle améliore à deux reprises sa marque de référence (11« 35) avec 11« 31 en séries et 11« 29 en finale.
Mais depuis, la sprinteuse grand-ducale a clairement fait un pas supplémentaire vers les sommets. Ses 11« 29 n’auront pas résisté bien longtemps. Dès sa première sortie, aux Interclubs, elle égale ce temps. Avant de le pulvériser à Savone (11« 07) avec malheureusement un vent beaucoup trop favorable (+3,8 m/s) en série. Mais ses 11« 18 en finale seront eux bien validés.
Quatre jours plus tard, fin mai, elle abaisse encore deux fois son record national à Rehlingen (11« 17 puis 11« 12). Mais c’est à Dessau, pour sa dernière compétition avant les Jeux européens, que Patrizia Van der Weken va littéralement changer de dimension. Dès les séries, elle réalise tout simplement la quatrième meilleure performance européenne de la saison avec un incroyable 11« 02 en séries, avant de terminer deuxième en finale en 11« 10, derrière la championne d’Europe en titre, Gina Lückenkemper.
Un tel chrono fait forcément parler. D’autant plus qu’on se rapproche du 1er juillet. Date du début de la période de qualification olympique. En clair, à partir de ce samedi, les performances des athlètes seront directement prises en compte pour déterminer les places pour Paris. Sachant que les minima sur la distance reine sont de… 11« 07!
Pour de nombreux observateurs, la question n’est désormais plus si Patrizia Van der Weken va se qualifier pour les Jeux mais plutôt quand. Et quand elle va devenir la première Luxembourgeoise sous les 11“.
Parfaitement consciente des immenses attentes autour d’elle, la jeune femme de 23 ans ne veut pas se laisser griser pour autant : «En principe, je suis toujours très cool. Maintenant, c’est vrai que ça se rapproche de plus en plus. À moi de gérer tout cela du mieux possible.»
Et d’ajouter : «Après, je me dis que j’ai réussi à courir vite sur des pistes pas forcément réputées pour leur vitesse. Donc si j’ai un bon jour, les bonnes conditions, du vent dans le dos, pas de pluie, c’est vrai que ça peut aller vite. Bien sûr, ce serait super cool de faire les minima. Ce serait la cerise sur le gâteau. Maintenant si ce n’est pas le cas dimanche, j’aurai encore plein d’autres occasions. Il me reste une année pour y parvenir.»
Dire que je vais être la première Luxembourgeoise qualifiée pour Paris, la première sous les 11″… Maintenant, c’est quelque chose de le dire. C’est autre chose de le faire
La protégée d’Arnaud Starck ne veut pas pour autant éluder la question. Bien sûr que réaliser les minima serait, d’une certaine manière, quelque chose de logique au vu de sa saison. «Mais c’est du sport. Et le sport est souvent injuste. C’est très bien de dire que je vais être la première Luxembourgeoise qualifiée pour Paris, la première sous les 11« . Maintenant, c’est quelque chose de le dire. C’est autre chose de le faire», confie-t-elle. Et de préciser, à propos de ce nouveau statut qui est le sien : «J’ai franchi un cap. Je dois assumer tout cela même si ce n’est pas évident. Le but, c’est de faire une bonne course techniquement. Et, comme je l’ai dit, si tout est réuni, ça peut aller très vite.»
«J’espère qu’elle pourra assumer son nouveau statut. Qu’elle garde son feeling de course, sa mécanique et son toucher de piste. Elle est en deuxième position sur la start list, avec 25 filles en moins de 11« 50. Donc en résumer : rester dans la même dynamique, être à la hauteur de son nouveau statut. Et surtout, se faire plaisir!», explique Arnaud Starck, son entraîneur.
Le technicien l’accompagne en Suisse, tout comme son autre protégée, la hurdleuse Victoria Rausch, qui tentera d’aller chercher un season best (13« 44). Si cette dernière rentrera ensuite au Luxembourg, l’entraîneur et Patrizia Van der Weken resteront en Suisse.
La semaine prochaine, elle sera alignée sur le bien nommé Meeting de la Gruyère, à Bulle. Avec un peu de chance, il s’agira de sa première sortie depuis sa qualification olympique. C’est tout le mal qu’on peut lui souhaiter.