Après des mois d’attente, Bob Haller va enfin retrouver la compétition. Dimanche soir, il s’élancera sur l’épreuve sprint de Melilla.
On ne l’avait plus revu au départ d’une épreuve de triathlon depuis son abandon aux championnats du monde de Hambourg, en septembre dernier. Avant, sa dernière course remontait à la Coupe du monde de Mooloolaba, à la mi-mars 2020, juste avant que la pandémie ne mette le sport mondial à l’arrêt.
Depuis Hambourg, Bob Haller, puisque c’est de lui dont il s’agit, s’est beaucoup entraîné. Visiblement, la collaboration entamée l’an passé avec Thomas Andreos, l’entraîneur national, se passe à merveille : «Je suis content de toute la préparation. De la manière dont on a travaillé pendant l’hiver, de la Coque, de tout ce qui a été mis à ma disposition. Des stages à Fuerteventura, qui ont été très bien placés. Je me sens bien», résume le triathlète d’Imbringen.
Alors que les premières compétitions étaient initialement prévues au mois de mars, tout a été repoussé de plusieurs semaines. Mais cette fois, c’est la bonne. Et c’est dans la minuscule enclave espagnole située en territoire marocain que Bob Haller va renouer avec la compétition. Au programme, une Coupe d’Europe au format sprint avec un plateau très relevé, emmené par le Hongrois Bence Bicsak, 10e mondial et les Français Leo Bergère et Dorian Coninx, respectivement 20e et 21e mondiaux. Inutile de préciser que le Luxembourgeois trépigne d’impatience : «L’an passé, je n’avais pas besoin de course, je voulais simplement m’entraîner pour m’améliorer. Mais maintenant, je veux enfin prendre un départ. Histoire de voir où j’en suis et si j’ai bien progressé.» Cette course sera un bon test qui n’aura de toute façon aucune incidence sur son classement. En effet, la fédération internationale a annoncé en début d’année que le ranking mondial ne pourrait bouger à nouveau qu’à partir du mois de mai : «C’est une course pour rien», résume le protégé de Thomas Andreos.
Pour rien… pas vraiment. Après des mois à s’entraîner seul dans son coin, il a envie de se confronter aux autres : «Il y a quand même du lourd au départ. En plus, on n’a pas vu les mecs depuis six mois, du coup c’est compliqué de dire ce qu’on peut viser. Maintenant, j’ai le dossard n°14, il y a quelques types forts qui ont un moins bon dossard, mais je dirais quand même que je devrais viser un top 10.»
Pour parvenir à ses fins, rien n’a été laissé au hasard : «Avec Thomas, on a bien parlé. Bien analysé nos semaines d’entraînement. Ce matin (NDLR : jeudi), on a fait un footing à jeun pour voir. Et avec le coach mental, on a mis en place des petites routines. Des discours internes sur lesquels je peux m’appuyer pour me concentrer sur les parties positives, les trucs importants pour conserver une bonne énergie pendant toute la course. On a bossé sur les détails, la vitesse, l’endurance. On est confiants.»
Plus je ferai de courses, plus j’aurai de chance
Cette première course sera, il l’espère, la première d’une longue série. En effet, même s’il ne pointe actuellement qu’au 105e rang mondial et au 94e du classement olympique, il n’a pas abandonné toute ambition d’aller à Tokyo : «Ça reste le but. On se concentre là-dessus jusqu’à la fin juin. On a déjà calculé les points, mais cela dépend du nombre de courses auxquelles je pourrai participer. Plus je ferai de courses, plus j’aurai de chance.» Il a calculé qu’il lui fallait réaliser des top 15-18 en WTS (son meilleur résultat est une 22e place) et des top 10 en Coupe du monde (meilleur résultat 8e).
En effet, les plus gros points sont sur les WTS, le plus haut niveau de compétition. D’ici la fin des qualifications olympiques, au mois de juin, il reste encore deux rendez-vous de cette catégorie et trois Coupes du monde. Mais seuls les meilleurs peuvent y participer. Qu’à cela ne tienne, Bob Haller tente quand même : «On a envoyé une demande d’invitation à Yokohama. On fait tout pour rentrer.» Le triathlète grand-ducal table sur le fait que certains pourraient renoncer en raison des énormes contraintes imposées par la situation sanitaire : «C’est très compliqué. On doit arriver un jour bien précis, aller dans un hôtel imposé. Sur place, tu es en quarantaine, on t’indique l’heure à laquelle tu peux t’entraîner sur le tapis de course, le vélo tu le fais dans ta chambre. Il n’y a que des chambres simples et chacun mange tout seul. On n’a pas le droit de sortir. Tu dois faire un test PCR le troisième jour et encore un le jour de la course.»
Mais s’il ne parvenait pas à entrer au Japon, il a déjà prévu une solution de rechange. En effet, une Coupe d’Europe en Italie se déroule à la même période, soit la mi-juin. Et là, les points compteraient.
Avant de se préoccuper du mois de mai, place d’abord à ce premier test hispanico-marocain. Un rendez-vous qu’il aborde très bien sur le plan physique : «Ces dernières semaines, il y avait une fatigue générale due à la préparation hivernale mais sinon on est en train de faire le tapering correctement. J’ai fait toutes mes séances et hormis une journée en mars et deux en décembre, je n’ai pas du tout été malade.» Et d’ajouter : «En ce moment, je me sens super stable en vélo. Cela faisait longtemps que je n’avais pas été aussi en confiance en course à pied. Quant à la natation, il y a des hauts et des bas. Mais c’est un départ depuis la plage, ce qui est une bonne chose pour moi. On n’a pas à se poser de questions : il faut nager vite dès le début pour éviter la bagarre et y aller à fond.»
Deux particularités à signaler : la course ne débutera qu’à 19h dimanche. Et il s’agira de la première compétition internationale de Bob Haller sans sa maman, restée au Luxembourg par crainte des restrictions liées au Covid.
Romain Haas