Alberto Contador, qui s’est imposé en patron de la course, n’a plus qu’à redouter une défaillance ou un accident à six jours de sa conclusion.
Quant au troisième, le Costaricien Andrey Amador, tout heureux de ce rang inattendu («Mon objectif est de me classer dans les cinq premiers», dit-il), son retard dépasse les quatre minutes. «Je suis heureux de ma position, meilleure que je l’espérais», s’est félicité l’Espagnol, qui a affiché un visage tranquille dans son hôtel de Pinzolo, au pied de Madonna di Campiglio.
Qu’a-t-il à craindre? Une chute, qu’il n’a pu éviter par deux fois depuis le départ du Giro, un problème de santé? «Dans chaque étape, tout peut arriver, rappelle-t-il comme pour ménager un suspense. Même après le Mortirolo, mardi, il y a encore des étapes de montagne qui peuvent poser des problèmes.»
L’équivoque Landa
Le Madrilène a déjà grimpé le Mortirolo, une montée qu’il classe parmi les trois plus difficiles («derrière le Zoncolan et avec l’Angliru», confie-t-il). «En 2008, se souvient-il, je n’avais que 4 secondes d’avance sur Riccardo Ricco. Je l’ai escaladé aussi l’an dernier au Gran Fondo [un rassemblement de cyclos]. C’est une montée très difficile qui permet de faire des différences, surtout au lendemain d’une journée de repos.»
Dans la première étape de haute montagne, dimanche, Contador a desserré la tenaille Astana, l’équipe la plus forte collectivement de ce Giro. Il a seulement laissé la victoire au Basque de la formation kazakhe, Mikel Landa, remonté à la quatrième place (à 4 minutes et 46 secondes).
«S’il a sa liberté, il peut monter sur le podium à Milan, a estimé le porteur du maillot rose, invité à délivrer un pronostic sur le résultat final à Milan. Aru est deuxième au classement. Logiquement, il devrait y être aussi. C’est un coureur qui, dans le futur, va faire de grandes choses.»
En parallèle, le jeune Italien (24 ans) a salué Contador, «un seigneur», «le plus fort coureur de grand Tour de la dernière décennie». Mais il s’est montré quelque peu évasif sur la stratégie à suivre durant la dernière semaine, sur l’option de privilégier sa position ou de tout risquer pour tenter de récupérer le maillot rose. «J’ai quand même à perdre, a-t-il cependant reconnu. L’an dernier, j’ai terminé le Giro à la troisième place. Pour faire carrière, il faut aller pas à pas. Une carrière se construit dans la durée.»
Aru a rejeté l’équivoque sur son rôle de leader d’équipe posé par l’affirmation de Landa (25 ans), devenu à sa cinquième saison dans l’élite un grimpeur de toute première force : «Nous avons un bon rapport tous les deux. À Madonna di Campiglio, c’était lui le plus fort, le seul capable de lâcher Contador.»
Entre les deux, le Mortirolo, qu’Aru n’a jamais grimpé en course, pourrait servir cet après-midi de révélateur. «C’est un col qui fait la sélection, relève le Sarde. C’est une légende !»
AFP